u XIXe; il y en a de toutes les formes; la, simples
croix de granit exhaussees de quelques marches; ici, croix portant sur
leurs deux faces l'image du Christ et de la Vierge, sculptures grossieres,
mais toujours empreintes d'un sentiment sincere. La sainte Vierge, les
Bretons ne comprennent pas seulement sa tendresse, ils sentent sa douleur,
ils la partagent, ils l'expriment avec une energique verite. Voyez ce
tableau de la Vierge tenant son fils mort sur ses genoux, dans l'eglise de
Saint-Michel, a Quimperle; c'est une peinture primitive, par une main
inhabile qui ignorait les ressources de l'art; le dessin en est incorrect;
mais quelle expression de douleur! Le peintre voulait rendre la vive
souffrance de la mere: la bouche est tordue, les yeux sont fixes, la
prunelle est presque seule indiquee; cette fixite du regard est
saisissante, elle vous arrete, on reste la a regarder, on oublie que c'est
une representation, on voit la Vierge elle-meme, immobile dans sa douleur,
ne pouvant plus exprimer sa plainte, comme petrifiee, et pourtant vivante.
A cote, appuyee contre le mur, est placee une statue de la Vierge, concue
au contraire dans un sentiment delicat et tendre: elle a cette attitude
penchee, cette tete inclinee, ce doux regard de la mere qui appelle a soi
le pecheur. Sa robe tombe sur ses pieds en plis nombreux, le manteau
l'enveloppe avec une grace harmonieuse; car ce n'est plus la Vierge de
douleur, c'est la consolatrice du genre humain, tenant son fils entre ses
bras, qu'elle presente a la terre pour la benir, Notre-Dame de _Bot scao_,
la Vierge de Bonne-Nouvelle.
On connait la foi des marins a la sainte Vierge, des marins bretons
particulierement. A Brest, on cherche en vain un musee de tableaux: Brest
n'est pas une ville d'art; on y respire comme un souffle de guerre; le port
rempli de grands vaisseaux, l'arsenal et ses canons, ses boulets, ses
ancres gigantesques, les forts dresses sur les rochers, le mouvement anime
des rues ou vont et viennent des soldats de toutes armes, des matelots
arrivant de tous les points du monde, tout a le caractere precis, positif
et puissant de la realite du moment: l'homme a enfonce dans le roc les
pieds de granit de sa demeure, on dirait qu'il y est inebranlablement fixe.
Mais, montez un des escaliers qui menent de la ville basse a la ville
haute, et, sous une voute, vous trouverez quatre tableaux appendus a la
muraille; c'est la le musee de Brest, des tableaux de marine ded
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