t sur toute la
longueur du batiment et prenait jour sur la facade du chateau
exposee au nord. Les chambres dont les fenetres donnaient sur le
midi avaient leurs portes sur cette galerie. Le professeur
Stangerson habitait l'aile gauche du chateau. Mlle Stangerson
avait son appartement dans l'aile droite. Nous entrames dans la
galerie, aile droite. Un tapis etroit, jete sur le parquet cire,
qui luisait comme une glace, etouffait le bruit de nos pas.
Rouletabille me disait a voix basse, de marcher avec precaution
parce que nous passions devant la chambre de Mlle Stangerson. Il
m'expliqua que l'appartement de Mlle Stangerson se composait de sa
chambre, d'une antichambre, d'une petite salle de bain, d'un
boudoir et d'un salon. On pouvait, naturellement, passer de l'une
de ces pieces dans l'autre sans qu'il fut necessaire de passer par
la galerie. Le salon et l'antichambre etaient les seules pieces de
l'appartement qui eussent une porte sur la galerie. La galerie se
continuait, toute droite, jusqu'a l'extremite est du batiment ou
elle avait jour sur l'exterieur par une haute fenetre (fenetre 2
du plan). Vers les deux tiers de sa longueur, cette galerie se
rencontrait a angle droit avec une autre galerie qui tournait avec
l'aile droite du chateau.
Pour la clarte de ce recit, nous appellerons la galerie qui va de
l'escalier jusqu'a la fenetre a l'est, "la galerie droite" et le
bout de galerie qui tourne avec l'aile droite et qui vient aboutir
a la galerie droite, a angle droit, "la galerie tournante". C'est
au carrefour de ces deux galeries que se trouvait la chambre de
Rouletabille, touchant a celle de Frederic Larsan. Les portes de
ces deux chambres donnaient sur la galerie tournante, tandis que
les portes de l'appartement de Mlle Stangerson donnaient sur la
galerie droite (voir le plan).
Rouletabille poussa la porte de sa chambre, me fit entrer et
referma la porte sur nous, poussant le verrou. Je n'avais pas
encore eu le temps de jeter un coup d'oeil sur son installation
qu'il poussait un cri de surprise en me montrant, sur un gueridon,
_un binocle._
"Qu'est-ce que c'est que cela? se demandait-il; qu'est-ce que ce
binocle est venu faire sur mon gueridon?"
J'aurais ete bien en peine de lui repondre.
"A moins que, fit-il, a moins que... a moins que... a moins que ce
binocle ne soit "ce que je cherche"... et que... et que... _et que
ce soit un binocle de presbyte! ..."_
Il se jetait litteralement sur le binocle;
|