ree par la bizarre
clameur. Je passe rapidement un pantalon, un veston. Il fait un
temps a ne pas mettre un chat dehors; qui donc, cette nuit, imite,
si pres du chateau, le miaulement du chat de la mere Agenoux? Je
prends un gros gourdin, la seule arme dont je dispose, et, sans
faire aucun bruit, j'ouvre ma porte.
Me voici dans la galerie; une lampe a reflecteur l'eclaire
parfaitement; la flamme de cette lampe vacille comme sous l'action
d'un courant d'air. Je sens le courant d'air. Je me retourne.
Derriere moi, une fenetre est ouverte, celle qui se trouve a
l'extremite de ce bout de galerie sur laquelle donnent nos
chambres, a Frederic Larsan et a moi, galerie que j'appellerai
"galerie tournante"pour la distinguer de la "galerie droite", sur
laquelle donne l'appartement de Mlle Stangerson. Ces deux galeries
se croisent a angle droit. Qui donc a laisse cette fenetre
ouverte, ou qui vient de l'ouvrir? Je vais a la fenetre; je me
penche au dehors. A un metre environ sous cette fenetre, il y a
une terrasse qui sert de toit a une petite piece en encorbellement
qui se trouve au rez-de-chaussee. On peut, au besoin, sauter de la
fenetre sur la terrasse, et de la, se laisser glisser dans la cour
d'honneur du chateau. Celui qui aurait suivi ce chemin ne devait
evidemment pas avoir sur lui la clef de la porte du vestibule.
Mais pourquoi m'imaginer cette scene de gymnastique nocturne? A
cause d'une fenetre ouverte? Il n'y a peut-etre la que la
negligence d'un domestique. Je referme la fenetre en souriant de
la facilite avec laquelle je batis des drames avec une fenetre
ouverte. Nouveau cri de la "Bete du Bon Dieu" dans la nuit. Et
puis, le silence; la pluie a cesse de frapper les vitres. Tout
dort dans le chateau. Je marche avec des precautions infinies sur
le tapis de la galerie. Arrive au coin de la galerie droite,
j'avance la tete et y jette un prudent regard. Dans cette galerie,
une autre lampe a reflecteur donne une lumiere eclairant
parfaitement les quelques objets qui s'y trouvent, trois fauteuils
et quelques tableaux pendus aux murs. Qu'est-ce que je fais la?
Jamais le chateau n'a ete aussi calme. Tout y repose. Quel est cet
instinct qui me pousse vers la chambre de Mlle Stangerson? Qu'est-
ce qui me conduit vers la chambre de Mlle Stangerson? Pourquoi
cette voix qui crie au fond de mon etre: "Va jusqu'a la chambre de
Mlle Stangerson!" Je baisse les yeux sur le tapis que je foule et
"je vois que mes pas, vers la chambr
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