ait les
principaux episodes des mysteres du Glandier. Larsan sourit a
cette explication comme un homme qui n'en est point dupe, mais qui
se garde, par politesse, d'emettre la moindre reflexion sur des
choses qui ne le regardent pas. Avec mille precautions dans le
langage et jusque dans les intonations, Larsan et Rouletabille
s'entretinrent assez longtemps de la presence au chateau de M.
Arthur-W. Rance, de son passe en Amerique qu'ils eussent voulu
connaitre mieux, du moins quant aux relations qu'il avait eues
avec les Stangerson. A un moment, Larsan, qui me parut soudain
souffrant, dit avec effort:
"Je crois, monsieur Rouletabille, que nous n'avons plus
grand'chose a faire au Glandier, et m'est avis que nous n'y
coucherons plus de nombreux soirs.
-- C'est aussi mon avis, monsieur Fred.
-- Vous croyez donc, mon ami, que _l'affaire est finie?_
-- Je crois, en effet, qu'elle est finie et qu'elle n'a plus rien
a nous apprendre, repliqua Rouletabille.
-- Avez-vous un coupable? demanda Larsan.
-- Et vous?
-- Oui.
-- Moi aussi, dit Rouletabille.
-- Serait-ce le meme?
-- Je ne crois pas, _si vous n'avez pas change d'idee"_, dit le
jeune reporter.
Et il ajouta avec force:
"M. Darzac est un honnete homme!
-- Vous en etes sur? demanda Larsan. Eh bien, moi, je suis sur du
contraire... C'est donc la bataille?
-- Oui, la bataille. Et je vous battrai, monsieur Frederic Larsan.
-- La jeunesse ne doute de rien", termina le grand Fred en riant
et en me serrant la main.
Rouletabille repondit comme un echo:
"De rien!"
Mais soudain, Larsan, qui s'etait leve pour nous souhaiter le
bonsoir, porta les deux mains a sa poitrine et trebucha. Il dut
s'appuyer a Rouletabille pour ne pas tomber. Il etait devenu
extremement pale.
"Oh! oh! fit-il, qu'est-ce que j'ai la? Est-ce que je serais
empoisonne?"
Et il nous regardait d'un oeil hagard... En vain, nous
l'interrogions, il ne nous repondait plus... Il s'etait affaisse
dans un fauteuil et nous ne pumes en tirer un mot. Nous etions
extremement inquiets, et pour lui, et pour nous, car nous avions
mange de tous les plats auxquels avait touche Frederic Larsan.
Nous nous empressions autour de lui. Maintenant, il ne semblait
plus souffrir, mais sa tete lourde avait roule sur son epaule et
ses paupieres appesanties nous cachaient son regard. Rouletabille
se pencha sur sa poitrine et ausculta son coeur...
Quand il se releva, mon ami avait une figure aus
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