ngerson confirma ses
dires; il ajouta qu'il n'avait pas eu le plaisir, la veille au
soir, d'avoir a sa table son ami Arthur Rance parce que celui-ci
avait pris, vers les cinq heures, un conge definitif de sa fille
et de lui. M. Arthur Rance s'etait fait servir simplement un the
dans sa chambre, se disant legerement indispose.
Bernier, le concierge, sur les indications de Rouletabille,
rapporta qu'il avait ete requis par le garde lui-meme, cette nuit-
la, pour faire la chasse aux braconniers (le garde ne pouvait plus
le contredire), qu'ils s'etaient donne rendez-vous tous deux non
loin de la chenaie et que, voyant que le garde ne venait point, il
etait alle, lui, Bernier, au-devant du garde... Il etait arrive a
hauteur du donjon, ayant passe la petite porte de la cour
d'honneur, quand il apercut un individu qui fuyait a toutes jambes
du cote oppose, vers l'extremite de l'aile droite du chateau; des
coups de revolver retentirent dans le meme moment derriere le
fuyard; Rouletabille etait apparu a la fenetre de la galerie; il
l'avait apercu, lui Bernier, l'avait reconnu, l'avait vu avec son
fusil et lui avait crie de tirer. Alors, Bernier avait lache son
coup de fusil qu'il tenait tout pret... et il etait persuade qu'il
avait mis a mal le fuyard; il avait cru meme qu'il l'avait tue, et
cette croyance avait dure jusqu'au moment ou Rouletabille,
depouillant le corps qui etait tombe sous le coup de fusil, lui
avait appris que ce corps "avait ete tue d'un coup de couteau";
que, du reste, il restait ne rien comprendre a une pareille
fantasmagorie, attendu que, si le cadavre trouve n'etait point
celui du fuyard sur lequel nous avions tous tire, il fallait bien
que ce fuyard fut quelque part. Or, dans ce petit coin de cour ou
nous nous etions tous rejoints autour du cadavre, "il n'y avait
pas de place pour un autre mort ou pour un vivant" sans que nous
le vissions!
Ainsi parla le pere Bernier. Mais le juge d'instruction lui
repondit que, pendant que nous etions dans ce petit bout de cour,
la nuit etait bien noire, puisque nous n'avions pu distinguer le
visage du garde, et que, pour le reconnaitre, il nous avait fallu
le transporter dans le vestibule... A quoi le pere Bernier
repliqua que, si l'on n'avait pas vu "l'autre corps, mort ou
vivant", on aurait au moins marche dessus, tant ce bout de cour
est etroit. Enfin, nous etions, sans compter le cadavre, cinq dans
ce bout de cour et il eut ete vraiment etrange que l'autre cor
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