asse _deux
secondes_ pendant lesquelles j'avais perdu de vue l'assassin, car
celui-ci etait arrive, comme je l'ai du reste note dans mes
papiers, _deux secondes_ avant M. Stangerson, le pere Jacques et
moi, au carrefour des deux galeries. Cela avait suffi a Larsan
pour enfiler la galerie tournante, enlever sa fausse barbe d'un
tour de main, se retourner et se heurter a nous, comme s'il
poursuivait l'assassin! ..._ _Ballmeyer en a fait bien d'autres!
et vous pensez bien que ce n'etait qu'un jeu pour lui de se grimer
de telle sorte qu'il apparut tantot avec sa barbe rouge a Mlle
Stangerson, tantot a un employe de poste avec un collier de barbe
chatain qui le faisait ressembler a M. Darzac, dont il avait jure
la perte! Oui, le bon bout de ma raison me rapprochait ces deux
personnages, ou plutot ces deux moities de personnage que je
n'avais pas vues _en meme temps:_ Frederic Larsan et l'inconnu que
je poursuivais... pour en faire l'etre mysterieux et formidable
que je cherchais:_ "_l'assassin".
"Cette revelation me bouleversa. J'essayai de me ressaisir en
m'occupant un peu des traces sensibles, des signes exterieurs qui
m'avaient, jusqu'alors, egare, et qu'il fallait, normalement,
"faire entrer dans le cercle trace par le bon bout de ma raison!"
"Quels etaient, tout d'abord, les principaux signes exterieurs,
cette nuit-la, qui m'avaient eloigne de l'idee d'un Frederic
Larsan assassin:
"1 deg. J'avais vu l'inconnu dans la chambre de Mlle Stangerson, et,
courant a la chambre de Frederic Larsan, j'y avais trouve Frederic
Larsan, bouffi de sommeil.
"2 deg. L'echelle;
"3 deg. J'avais place Frederic Larsan au bout de la galerie tournante
en lui disant que j'allais sauter dans la chambre de Mlle
Stangerson pour essayer de prendre l'assassin. Or, j'etais
retourne dans la chambre de Mlle Stangerson ou j'avais retrouve
mon inconnu.
"Le premier signe exterieur ne m'embarrassa guere. Il est probable
que, lorsque je descendis de mon echelle, apres avoir vu l'inconnu
dans la chambre de Mlle Stangerson, celui-ci avait deja fini ce
qu'il avait a y faire. Alors, pendant que je rentrais dans le
chateau, il rentrait, lui, dans la chambre de Frederic Larsan, se
deshabillait en deux temps, trois mouvements, et, quand je venais
frapper a sa porte, montrait un visage de Frederic Larsan
ensommeille a plaisir...
"Le second signe: l'echelle, ne m'embarrassa pas davantage. Il
etait evident que, si l'assassin etait Larsan, il n'avai
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