e que j'ai des raisons pour cela! ...
-- Le nom! Le nom! repetait la foule.
-- Silence!" glapit l'huissier.
Le president dit:
"Il faut tout de suite nous dire le nom, monsieur! ... Ceux qui se
trouvaient dans le bout de cour etaient: le garde, mort. Est-ce
lui, l'assassin?
-- Non, m'sieur.
-- Le pere Jacques? ...
-- Non m'sieur.
-- Le concierge, Bernier?
-- Non, m'sieur...
-- M. Sainclair?
-- Non m'sieur...
-- M. Arthur William Rance, alors? Il ne reste que M. Arthur Rance
et vous! Vous n'etes pas l'assassin, non?
-- Non, m'sieur!
-- Alors, vous accusez M. Arthur Rance?
--Non, m'sieur!
-- Je ne comprends plus! ... Ou voulez-vous en venir? ... il n'y
avait plus personne dans le bout de cour.
-- Si, m'sieur! ... _il n'y avait personne dans le bout de cour,
ni au-dessous, mais il y avait quelqu'un au-dessus, quelqu'un
penche a sa fenetre, sur le bout de cour..._
-- Frederic Larsan! s'ecria le president.
-- Frederic Larsan!" repondit d'une voix eclatante Rouletabille.
Et, se retournant vers le public qui faisait entendre deja des
protestations, il lui lanca ces mots avec une force dont je ne le
croyais pas capable:
"Frederic Larsan, l'assassin!"
Une clameur ou s'exprimaient l'ahurissement, la consternation,
l'indignation, l'incredulite, et, chez certains, l'enthousiasme
pour le petit bonhomme assez audacieux pour oser une pareille
accusation, remplit la salle. Le president n'essaya meme pas de la
calmer; quand elle fut tombee d'elle-meme, sous les chut!
energiques de ceux qui voulaient tout de suite en savoir
davantage, on entendit distinctement Robert Darzac, qui, se
laissant retomber sur son banc, disait:
"C'est impossible! Il est fou! ..."
Le president:
"Vous osez, monsieur, accuser Frederic Larsan! Voyez l'effet d'une
pareille accusation... M. Robert Darzac lui-meme vous traite de
fou! ... Si vous ne l'etes pas, vous devez avoir des preuves...
-- Des preuves, m'sieur! Vous voulez des preuves! Ah! je vais vous
en donner une, de preuve... fit la voix aigue de Rouletabille...
Qu'on fasse venir Frederic Larsan! ..."
Le president:
"Huissier, appelez Frederic Larsan."
L'huissier courut a la petite porte, l'ouvrit, disparut... La
petite porte etait restee ouverte... Tous les yeux etaient sur
cette petite porte. L'huissier reapparut. Il s'avanca au milieu du
pretoire et dit:
"Monsieur le president, Frederic Larsan n'est pas la. Il est parti
vers quatre
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