rop mince cloison.
"MmeMathieu venait de quitter le garde en parfaite sante, quand le
drame du "petit bout de cour" survint. MmeMathieu et le garde,
n'ayant plus rien a se dire, etaient sortis du donjon ensemble...
Je n'ai appris ces details, monsieur le president, que par
l'examen auquel je me livrai des traces de pas dans la cour
d'honneur, le lendemain matin... Bernier, le concierge, que
j'avais place, avec son fusil, en observation derriere le donjon,
_ainsi que_ _je lui permettrai de vous l'expliquer lui-meme_, ne
pouvait voir ce qui se passait dans la cour d'honneur. Il n'y
arriva un peu plus tard qu'attire par les coups de revolver, et
tira a son tour. Voici donc le garde et MmeMathieu, dans la nuit
et le silence de la cour d'honneur. Ils se souhaitent le bonsoir;
MmeMathieu se dirige vers la grille ouverte de cette cour, et lui
s'en retourne se coucher dans sa petite piece en encorbellement, a
l'extremite de l'aile droite du chateau.
"Il va atteindre sa porte, quand des coups de revolver
retentissent; il se retourne; anxieux, il revient sur ses pas; il
va atteindre l'angle de l'aile droite du chateau quand une ombre
bondit sur lui et le frappe. Il meurt. Son cadavre est ramasse
tout de suite par des gens qui croient tenir l'assassin et qui
n'emportent que l'assassine. Pendant ce temps, que fait
MmeMathieu? Surprise par les detonations et par l'envahissement de
la cour, elle se fait la plus petite qu'elle peut dans la nuit et
dans la cour d'honneur. La cour est vaste, et, se trouvant pres de
la grille, MmeMathieu pouvait passer inapercue. Mais elle ne
"passa" pas. Elle resta et vit emporter le cadavre. Le coeur serre
d'une angoisse bien comprehensible et poussee par un tragique
pressentiment, elle vint jusqu'au vestibule du chateau, jeta un
regard sur l'escalier eclaire par le lumignon du pere Jacques,
l'escalier ou l'on avait etendu le corps de son ami; elle "vit" et
s'enfuit. Avait-elle eveille l'attention du pere Jacques? Toujours
est-il que celui-ci rejoignit le fantome noir, qui deja lui avait
fait passer quelques nuits blanches.
"Cette nuit meme, avant le crime, il avait ete reveille par les
cris de la "Bete du Bon Dieu" et avait apercu, par sa fenetre, le
fantome noir... Il s'etait hativement vetu et c'est ainsi que l'on
s'explique qu'il arriva dans le vestibule, tout habille, quand
nous apportames le cadavre du garde. Donc, cette nuit-la, dans la
cour d'honneur, il a voulu sans doute, une fois pou
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