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Mlle Stangerson. Faites qu'on ne puisse entrer dans la chambre de
Mlle Stangerson. Veillez autour de cette chambre comme un bon
chien de garde. Ne dormez pas. Ne vous accordez point une seconde
de repos. L'homme que nous redoutons est d'une astuce prodigieuse,
qui n'a peut-etre encore jamais ete egalee au monde. Cette astuce
meme _la sauvera si vous veillez_; car il est impossible qu'il ne
sache point que vous veillez, a cause de cette astuce meme; et,
s'il sait que vous veillez, il ne tentera rien. --Avez-vous parle
de ces choses a M. Stangerson?--Non!--Pourquoi?--Parce que je ne
veux point, monsieur, que M. Stangerson me dise ce que vous m'avez
dit tout a l'heure: Vous connaissez le nom de l'assassin!" Si,
vous, vous etes etonne de ce que je viens vous dire: "L'assassin
va peut-etre venir demain!", quel serait l'etonnement de M.
Stangerson, si je lui repetais la meme chose! Il n'admettra peut-
etre point que mon sinistre pronostic ne soit base que sur des
coincidences qu'il finirait, sans doute, lui aussi, par trouver
etranges... Je vous dis tout cela, monsieur Rouletabille, parce
que j'ai une grande... une grande confiance en vous... Je sais
que, _vous_, vous ne me soupconnez pas! ..."
"Le pauvre homme, continua Rouletabille, me repondait comme il
pouvait, a hue et a dia. Il souffrait. J'eus pitie de lui,
d'autant plus que je me rendais parfaitement compte qu'il se
ferait tuer plutot que de me dire qui etait l'assassin comme Mlle
Stangerson se fera plutot assassiner que de denoncer l'homme de la
"Chambre Jaune" et de la "galerie inexplicable". L'homme doit la
tenir, ou doit les tenir tous deux, d'une maniere terrible, "et
ils ne doivent rien tant redouter que de voir M. Stangerson
apprendre que sa fille est "tenue "par son assassin." Je fis
comprendre a M. Darzac qu'il s'etait suffisamment explique et
qu'il pouvait se taire puisqu'il ne pouvait plus rien m'apprendre.
Je lui promis de veiller et de ne me point coucher de la nuit. Il
insista pour que j'organisasse une veritable barriere
infranchissable autour de la chambre de Mlle Stangerson, autour du
boudoir ou couchaient les deux gardes et autour du salon ou
couchait, depuis la "galerie inexplicable", M. Stangerson; bref,
autour de tout l'appartement. Non seulement je compris, a cette
insistance, que M. Darzac me demandait de rendre impossible
l'arrivee a la chambre de Mlle Stangerson, mais encore de rendre
cette arrivee si "visiblement" impossible, que
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