erre. Le pere Jacques me
suit. Rentrons au chateau. J'envoie le pere Jacques eveiller M.
Stangerson. Il doit m'attendre chez M. Stangerson, et ne lui rien
dire de precis avant mon arrivee. Moi, je vais aller eveiller
Frederic Larsan. Gros ennui pour moi. J'aurais voulu travailler
seul et avoir toute l'aubaine de l'affaire, au nez de Larsan
endormi. Mais le pere Jacques et M. Stangerson sont des vieillards
et moi, je ne suis peut-etre pas assez developpe. Je manquerais
peut-etre de force... Larsan, lui, a l'habitude de l'homme que
l'on terrasse, que l'on jette par terre, que l'on releve, menottes
aux poignets. Larsan m'ouvre, ahuri, les yeux gonfles de sommeil,
pret a m'envoyer promener, ne croyant nullement a mes imaginations
de petit reporter. Il faut que je lui affirme que "l'homme est
la!"
"C'est bizarre, dit-il, _je croyais l'avoir quitte cet apres-midi,
a Paris!"_
Il se vet hativement et s'arme d'un revolver. Nous nous glissons
dans la galerie.
Larsan me demande:
"Ou est-il?
-- Dans la chambre de Mlle Stangerson.
-- Et Mlle Stangerson?
-- Elle n'est pas dans sa chambre!
-- Allons-y!
-- N'y allez pas! L'homme, a la premiere alerte, se sauvera... il
a trois chemins pour cela... la porte, la fenetre, le boudoir ou
se trouvent les femmes...
-- Je tirerai dessus...
-- Et si vous le manquez? Si vous ne faites que le blesser? Il
s'echappera encore... Sans compter que, lui aussi, est
certainement arme... Non, laissez-moi diriger l'experience, et je
reponds de tout...
-- Comme vous voudrez", me dit-il avec assez de bonne grace.
Alors, apres m'etre assure que toutes les fenetres des deux
galeries sont hermetiquement closes, je place Frederic Larsan a
l'extremite de la galerie tournante, devant cette fenetre que j'ai
trouvee ouverte et que j'ai refermee. Je dis a Fred:
"Pour rien au monde, vous ne devez quitter ce poste, jusqu'au
moment ou je vous appellerai... Il y a cent chances sur cent pour
que l'homme revienne a cette fenetre et essaye de se sauver par
la, quand il sera poursuivi, car c'est par la qu'il est venu et
par la qu'il a prepare sa fuite. Vous avez un poste dangereux...
-- Quel sera le votre? demanda Fred.
-- Moi, je sauterai dans la chambre, et je vous rabattrai l'homme!
-- Prenez mon revolver, dit Fred, je prendrai votre baton.
-- Merci, fis-je, vous etes un brave homme"
Et j'ai pris le revolver de Fred. J'allais etre seul avec l'homme,
la-bas, qui ecrivait dans
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