nce", avant aujourd'hui.
-- Une huitaine de jours avant l'attentat de la "Chambre Jaune".
Rouletabille demanda encore, cette fois-ci, particulierement a la
femme:
_"Dans la rainure du parquet?_
-- Dans la rainure du parquet, repondit-elle.
-- Merci, fit Rouletabille, et preparez-vous pour ce soir."
Il prononca cette derniere phrase, un doigt sur la bouche, pour
recommander le silence et la discretion.
Nous sortimes du parc et nous dirigeames vers l'auberge du
"Donjon".
"Vous allez quelquefois manger a cette auberge?
-- Quelquefois.
-- Mais vous prenez aussi vos repas au chateau?
-- Oui, Larsan et moi nous nous faisons servir tantot dans l'une
de nos chambres, tantot dans l'autre.
-- M. Stangerson ne vous a jamais invite a sa table?
-- Jamais.
-- Votre presence chez lui ne le lasse pas?
-- Je n'en sais rien, mais en tout cas il fait comme si nous ne le
genions pas.
-- Il ne vous interroge jamais?
-- Jamais! Il est reste dans cet etat d'esprit du monsieur qui
etait derriere la porte de la "Chambre Jaune", pendant qu'on
assassinait sa fille, qui a defonce la porte et qui n'a point
trouve l'assassin. Il est persuade que, du moment qu'il n'a pu,
"sur le fait", rien decouvrir, nous ne pourrons a plus forte
raison rien decouvrir non plus, nous autres... Mais il s'est fait
un devoir, "depuis l'hypothese de Larsan", de ne point contrarier
nos illusions."
Rouletabille se replongea dans ses reflexions. Il en sortit enfin
pour m'apprendre comment il avait libere les deux concierges.
"Je suis alle, dernierement, trouver M. Stangerson avec une
feuille de papier. Je lui ai dit d'ecrire sur cette feuille ces
mots: "Je m'engage, quoi qu'ils puissent dire, a garder a mon
service mes deux fideles serviteurs, Bernier et sa femme", et de
signer. Je lui expliquai qu'avec cette phrase je serais en mesure
de faire parler le concierge et sa femme et je lui affirmai que
j'etais sur qu'ils n'etaient pour rien dans le crime. Ce fut,
d'ailleurs, toujours mon opinion. Le juge d'instruction presenta
cette feuille signee aux Bernier qui, alors, parlerent. Ils dirent
ce que j'etais certain qu'ils diraient, des qu'on leur enleverait
la crainte de perdre leur place. Ils raconterent qu'ils
braconnaient sur les proprietes de M. Stangerson et que c'etait
par un soir de braconnage qu'ils se trouverent non loin du
pavillon au moment du drame. Les quelques lapins qu'ils
acqueraient ainsi, au detriment de M. Stange
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