Quelques-uns de leurs
projectiles atteignirent plusieurs pontons, et mirent en peril les
communications de la garnison avec l'armee anglaise. Les Anglais, qui
etaient dans la place, surpris de cet evenement imprevu, retablirent les
pontons, et se haterent de rejoindre le gros de leur armee sur l'autre
rive, abandonnant a elle-meme la garnison, composee de trois mille
Hollandais. A peine les republicains se furent-ils apercus de
l'evacuation, qu'ils redoublerent le feu. Le gouverneur, epouvante, fit
part au prince d'Orange de sa position, et obtint la permission de se
retirer des qu'il jugerait le peril assez grand. A peine eut-il recu
cette autorisation, qu'il repassa le Wahal de sa personne. Le desordre
se mit dans la garnison; une partie rendit les armes; une autre, ayant
voulu se sauver sur un pont volant, fut arretee par les Francais, qui
couperent les cables, et vint echouer dans une ile ou elle fut faite
prisonniere.
Le 18 brumaire (8 novembre), les Francais entrerent dans Nimegue, et se
trouverent maitres de cette place importante, grace a leur temerite et a
la terreur qu'inspiraient leurs armes. Pendant ce temps, les
Autrichiens, commandes par Wernek, avaient essaye de deboucher de Wesel;
mais l'impetueux Vandamme, fondant sur eux au moment ou ils mettaient
le pied au-dela du Rhin, les avait rejetes sur la rive droite, et ils
etaient fort heureux de n'avoir pas obtenu plus de succes, car ils
auraient couru la chance d'etre detruits, s'ils se fussent avances
davantage.
Le moment etait enfin arrive d'entrer dans les cantonnemens, puisqu'on
etait maitre de tous les points importans sur le Rhin. Sans doute,
conquerir la Hollande, s'assurer ainsi la navigation de trois grands
fleuves, l'Escaut, la Meuse et le Rhin; priver l'Angleterre de sa plus
puissante alliance maritime, menacer l'Allemagne sur ses flancs,
interrompre les communications de nos ennemis du continent avec ceux de
l'Ocean, ou du moins les obliger a faire le long circuit de Hambourg;
nous ouvrir enfin la plus riche contree du monde, et la plus desirable
pour nous dans l'etat ou se trouvait notre commerce, etait un but digne
d'exciter l'ambition de notre gouvernement et de nos armees; mais
comment oser tenter cette conquete de la Hollande, presque impossible en
tout temps, mais surtout inexecutable dans la saison des pluies? Situee
a l'embouchure de plusieurs fleuves, la Hollande ne consiste qu'en
quelques lambeaux de terre jetes entre les eaux de c
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