ications, Nimegue etait precedee par un camp retranche garni de
troupes. Il aurait donc fallu, pour rendre l'investissement complet,
jeter sur la rive droite une armee qui aurait eu a courir les chances du
passage et d'une bataille, et qui, en cas de defaite, n'aurait eu aucun
moyen de retraite. On ne pouvait donc agir que par la rive gauche, et on
etait reduit a attaquer le camp retranche sans un grand espoir de
succes.
Cependant les generaux francais etaient decides a essayer une de ces
attaques brusques et hardies qui venaient de leur ouvrir en si peu de
temps les places de Maestricht et Venloo. Les coalises, sentant
l'importance de Nimegue, s'etaient reunis a Arnheim pour concerter les
moyens de la defendre. Il avait ete convenu qu'un corps autrichien, sous
les ordres du general Wernek, passerait a la solde anglaise, et
formerait la gauche du duc d'York pour la defense de la Hollande. Tandis
que le duc d'York, avec ses Anglais et ses Hanovriens, resterait sur la
rive droite devant le pont de Nimegue, et renouvellerait les forces de
la place, le general Wernek devait tenter du cote de Wesel, fort
au-dessus de Nimegue, un mouvement singulier, que les militaires
experimentes ont juge l'un des plus absurdes que la coalition ait
imagines pendant toutes ces campagnes. Ce corps, profitant d'une ile que
forme le Rhin vers Buderich, devait passer sur la rive gauche, et
essayer une pointe entre l'armee de Sambre-et-Meuse et celle du Nord.
Ainsi vingt mille hommes allaient etre jetes au-dela d'un grand fleuve
entre deux armees victorieuses, de quatre-vingt a cent mille hommes
chacune, pour voir quel effet ils produiraient sur elles: on devait les
renforcer suivant l'evenement. On concoit que ce mouvement, execute avec
les armees coalisees reunies, put devenir grand et decisif; mais essaye
avec vingt mille hommes, il n'etait qu'une tentative puerile et
peut-etre desastreuse pour le corps qui en serait charge.
Neanmoins, croyant sauver Nimegue par ces moyens, les coalises firent
d'une part avancer le corps de Wernek vers Buderich, et de l'autre
executer des sorties par la garnison de Nimegue. Les Francais
repousserent les sorties, et, comme a Maestricht et Venloo, ouvrirent la
tranchee a une proximite de la place encore inusitee a la guerre. Un
hasard heureux accelera leurs travaux. Les deux extremites de l'arc
qu'ils decrivaient autour de Nimegue aboutissaient au Wahal; ils
essayaient de tirer de ces extremites sur le pont.
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