ieutenant-general, et l'appelait le second fondateur de la
monarchie. Mais, confiee aux agens de Paris, cette lettre, qui aurait pu
du moins alimenter sa vanite, ne lui etait pas encore parvenue. Il
avait, pour la premiere fois, demande des secours a l'Angleterre, et
envoye son jeune aide-de-camp, La Roberie, a Londres; mais il n'en avait
pas de nouvelles. Ainsi pas un mot de recompense ou d'encouragement, ni
de ces princes auxquels il se devouait, ni de ces puissances dont il
secondait la politique. Il consentit donc a une entrevue avec Canclaux
et les representans du peuple.
A Rennes, le rapprochement desire fut encore amene par la soeur de l'un
des chefs. Le nomme Botidoux, l'un des principaux chouans du Morbihan,
avait appris que sa soeur, qui etait a Rennes, venait d'etre enfermee a
cause de lui. On l'engagea a s'y rendre pour obtenir son elargissement.
Le representant Boursault lui rendit sa soeur, le combla de caresses, le
rassura sur l'intention du gouvernement, et parvint a le convaincre de
la sincerite du decret d'amnistie. Botidoux s'engagea a ecrire au nomme
Bois-Hardi, jeune chouan intrepide, qui commandait la division des
Cotes-du-Nord, et qui passait pour le plus redoutable des revoltes.
"Quelles sont vos esperances? lui ecrivit-il. Les armees republicaines
sont maitresses du Rhin. La Prusse demande la paix. Vous ne pouvez
compter sur la parole de l'Angleterre; vous ne pouvez compter sur des
chefs qui ne vous ecrivent que d'outre-mer, ou qui vous ont abandonne
sous pretexte d'aller chercher des secours; vous ne pouvez plus faire
qu'une guerre d'assassinats." Bois-Hardi, embarrasse de cette lettre, et
ne pouvant quitter les Cotes-du-Nord, ou des hostilites encore assez
actives exigeaient sa presence, engagea le comite central a se rendre
aupres de lui, pour repondre a Botidoux. Le comite, a la tete duquel se
trouvait Cormatin, comme major-general de Puisaye, se rendit aupres de
Bois-Hardi. Il y avait dans l'armee republicaine un jeune general,
hardi, brave, plein d'esprit naturel, et surtout de cette finesse qu'on
dit etre particuliere a la profession qu'il avait autrefois exercee,
celle de _maquignon_: c'etait le general Humbert. "Il etait, dit
Puisaye, du nombre de ceux qui n'ont que trop prouve qu'une annee de
pratique a la guerre supplee avantageusement a tous les apprentissages
d'esplanade." Il ecrivit une lettre dont le style et l'orthographe
furent denonces au comite de salut public, mais qui etait
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