gration.
Dans les derniers jours de ventose (mars), ils renouvelerent les memes
desordres. Vingt prisonniers, faits sur une fregate ennemie, etaient
dans l'un des forts; ils soutenaient que c'etaient des emigres, et qu'on
voulait leur faire grace. Ils souleverent les douze mille ouvriers de
l'arsenal, entourerent les representans, faillirent les egorger, et
furent heureusement contenus par un bataillon qui fut mis a terre par
l'escadre.
Ces faits, coincidant avec ceux de Paris, ajouterent aux craintes du
gouvernement, et redoublerent sa severite. Deja il avait ete enjoint a
tous les membres des administrations municipales, des comites
revolutionnaires, des commissions populaires ou militaires, a tous les
employes enfin destitues depuis le 9 thermidor, de quitter les villes
ou ils s'etaient rendus, et de rentrer dans leurs communes respectives.
Un decret plus severe encore fut porte contre eux. Ils s'etaient empares
des armes distribuees dans les momens de danger; on decreta que tous
ceux qui etaient connus en France pour avoir contribue a la vaste
tyrannie abolie le 9 thermidor, seraient desarmes. C'etait a chaque
assemblee municipale, ou a chaque assemblee de section, qu'appartenait
la designation des complices de cette tyrannie, et le soin de les
desarmer. On concoit a quelles poursuites dangereuses allait les exposer
ce decret, dans un moment ou ils venaient d'exciter une haine si
violente.
On ne s'en tint pas la: on voulut leur enlever les pretendus chefs
qu'ils avaient sur les bancs de la Montagne. Quoique les trois
principaux eussent ete condamnes a la deportation, que sept autres,
savoir: Choudieu, Chasles, Foussedoire, Leonard Bourdon, Huguet, Duhem
et Amar, eussent ete envoyes au chateau de Ham, on crut qu'il en restait
encore d'aussi redoutables. Cambon, le dictateur des finances, et
l'adversaire inexorable des thermidoriens, auxquels il ne pardonnait pas
d'avoir ose attaquer sa probite, parut au moins incommode; on le supposa
meme dangereux. On pretendit que le matin du 12 il avait dit aux commis
de la tresorerie: "Vous etes ici trois cents, et en cas de peril vous
pourrez resister;" paroles qu'il etait capable d'avoir proferees, et
qui prouvaient sa conformite de sentimens, mais non sa complicite avec
les jacobins. Thuriot, autrefois thermidorien, mais redevenu montagnard
depuis la rentree des soixante-treize et des vingt-deux, et depute tres
influent, fut aussi considere comme chef de la faction. On ran
|