bsistances et du
bois de chauffage; on voyait au Palais-Royal du pain mis en vente a 22
francs la livre; des mariniers, a l'un des passages de la Seine, avaient
voulu faire payer jusqu'a 40 mille francs un service qui se payait
autrefois cent francs. Une espece de desespoir s'empara des esprits; on
se recria qu'il fallait sortir de cet etat, et trouver des mesures a
tout prix. Dans cette situation cruelle, Bourdon (de l'Oise), financier
fort ignorant, qui traitait toutes ces questions en energumene, trouva,
sans doute par hasard, le seul moyen convenable pour sortir d'embarras.
Reduire les assignats au cours etait difficile, comme on a vu, car on ne
savait s'il fallait prendre l'argent ou le ble pour mesure, et
d'ailleurs c'etait leur enlever sur-le-champ toute valeur, et les
exposer a une depreciation sans terme. Les relever en les absorbant
etait tout aussi difficile, car il fallait vendre les biens, et le
placement d'une aussi grande quantite de proprietes immobilieres etait
presque impossible.
Cependant il y avait un moyen de vendre les biens, c'etait de les mettre
a la portee des acheteurs, en n'exigeant d'eux que la valeur qu'on
pouvait en donner dans l'etat de la fortune publique. Les biens se
vendaient actuellement aux encheres; il en resultait que les offres se
proportionnaient a la depreciation du papier, et qu'il fallait donner en
assignats cinq a six fois le prix de 1790. Ce n'etait encore, il est
vrai, que la moitie de la valeur des terres a cette epoque; mais c'etait
encore beaucoup trop pour aujourd'hui, car la terre ne valait en realite
pas la moitie, pas le quart de ce qu'elle avait valu en 1790. Il n'y a
rien d'absolu dans la valeur. En Amerique, dans les vastes continens,
les terres valent peu, parce que leur masse est de beaucoup superieure a
celle des capitaux mobiliers. Il en etait pour ainsi dire de meme en
France en 1795. Il fallait donc ne pas s'en tenir a la valeur fictive de
1790, mais a celle que l'on pouvait en trouver en 1795, car une chose ne
vaut reellement que ce qu'elle peut etre payee.
En consequence, Bourdon (de l'Oise) proposa d'adjuger les biens, sans
encheres et par simple proces-verbal, a celui qui en offrirait trois
fois en assignats l'estimation de 1790. Entre deux concurrens, la
preference devait etre accordee a celui qui s'etait presente le premier.
Ainsi un bien estime 100,000 francs, en 1790, devait etre paye 300,000
francs en assignats. Les assignats etant tombes au quin
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