cesse de s'etendre par sa droite jusqu'a Genes,
et avait pris position derriere la ligne de Borghetto. On devait
craindre de ne pouvoir bientot plus communiquer avec Genes, dont le
commerce des grains allait rencontrer de grands obstacles des que la
riviere du Ponant serait occupee par l'ennemi.
En Espagne, rien de decisif n'avait ete execute. Notre armee des
Pyrenees orientales occupait toujours la Catalogne jusqu'aux bords de la
Fluvia. D'inutiles combats avaient ete livres sur les bords de cette
riviere, sans pouvoir prendre position au-dela. Aux Pyrenees
occidentales, Moncey organisait son armee devoree de maladies, pour
rentrer dans le Guipuscoa et s'avancer en Navarre.
Quoique nos armees n'eussent rien perdu, excepte en Italie, qu'elles
eussent meme conquis l'une des premieres places de l'Europe, elles
etaient, comme on voit, mal administrees, faiblement conduites, et se
ressentaient de l'anarchie generale qui regnait dans toutes les parties
de l'administration.
C'etait donc un moment favorable, non pour les vaincre, car le peril
leur eut rendu leur energie, mais pour faire des tentatives sur leur
fidelite, et pour essayer des projets de contre-revolution. On a vu les
royalistes et les cabinets etrangers concerter diverses entreprises sur
les provinces insurgees; on a vu Puisaye et l'Angleterre s'occuper d'un
plan de descente en Bretagne; l'agence de Paris et l'Espagne projeter
une expedition dans la Vendee. L'emigration songeait en meme temps a
penetrer en France par un autre point. Elle voulait nous attaquer par
l'Est, tandis que les expeditions tentees par l'Espagne et l'Angleterre
s'effectueraient dans l'Ouest. Le prince de Conde avait son
quartier-general sur le Rhin, ou il commandait un corps de deux mille
cinq cents fantassins et de quinze cents cavaliers. Il devait etre
ordonne a tous les emigres courant sur le continent de se reunir a lui,
sous peine de n'etre pas soufferts par les puissances sur leur
territoire; son corps se trouverait ainsi augmente de tous les emigres
restes inutiles; et laissant les Autrichiens occupes sur le Rhin a
contenir les armees republicaines, il tacherait de penetrer par la
Franche-Comte, et de marcher sur Paris, tandis que le comte d'Artois,
avec les insurges de l'Ouest, s'en approcherait de son cote. Si on ne
reussissait pas, on avait l'espoir d'obtenir au moins une capitulation
comme celle des Vendeens; on avait les memes raisons pour la demander.
"Nous sommes, dirai
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