ante. La convention annoncait
par la qu'elle allait deposer la dictature, et mettre la constitution en
activite. Elle decreta aussi que les armees, quoique privees
ordinairement du droit de deliberer, se reuniraient cependant sur le
champ de bataille qu'elles occuperaient dans le moment, pour voter la
constitution. Il fallait, disait-on, que ceux qui devaient la defendre
pussent la consentir. C'etait interesser les armees a la revolution par
leur vote meme.
A peine ces resolutions furent-elles prises, que les ennemis si nombreux
et si divers de la convention s'en montrerent desoles. Peu importait la
constitution a la plupart d'entre eux. Toute constitution leur
convenait, pourvu qu'elle donnat lieu a un renouvellement general de
tous les membres du gouvernement. Les royalistes voulaient ce
renouvellement pour amener du trouble, pour reunir le plus grand nombre
possible d'hommes de leur choix, et pour se servir de la republique meme
au profit de la royaute; ils le voulaient surtout pour ecarter les
conventionnels, si interesses a combattre la contre-revolution, et pour
appeler des hommes nouveaux, inexperimentes, non compromis, et plus
aises a seduire. Beaucoup de gens de lettres, d'ecrivains, d'hommes
inconnus, empresses de s'elancer dans la carriere politique, non par
esprit de contre-revolution, mais par ambition personnelle, desiraient
aussi ce renouvellement complet, pour avoir un plus grand nombre de
places a occuper. Les uns et les autres se repandirent dans les
sections, et les exciterent contre les decrets. La convention,
disaient-ils, voulait se perpetuer au pouvoir; elle parlait des droits
du peuple, et cependant elle en ajournait indefiniment l'exercice; elle
lui commandait ses choix, elle ne lui permettait pas de preferer les
hommes qui etaient restes purs de crimes; elle voulait conserver
forcement une majorite composee d'hommes qui avaient couvert la France
d'echafauds. Ainsi, ajoutaient-ils, la nouvelle legislature ne serait
pas purgee de tous les terroristes; ainsi la France ne serait pas
entierement rassuree sur son avenir, et n'aurait pas la certitude de ne
jamais voir renaitre un regime affreux. Ces declamations agissaient sur
un grand nombre d'esprits: toute la bourgeoisie des sections, qui
voulait bien les nouvelles institutions telles qu'on les lui donnait,
mais qui avait une peur excessive du retour de la terreur; des hommes
sinceres, mais irreflechis, qui revaient une republique sans tache, et
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