s, on les mit tout simplement
a la porte de la salle; dans les autres, on leur signifia, par des
placards, qu'ils eussent a rester chez eux, car s'ils paraissaient a la
section on les en chasserait ignominieusement. Les individus prives
ainsi d'exercer leurs droits etaient fort nombreux; ils accoururent a la
convention pour reclamer contre la violence qui leur etait faite. La
convention desapprouva la conduite des sections, mais refusa
d'intervenir, pour ne point paraitre recruter des votes, et pour que
l'abus meme prouvat la liberte de la deliberation. Les patriotes,
chasses de leurs sections, s'etaient refugies dans les tribunes de la
convention; ils les occupaient en grand nombre, et tous les jours ils
demandaient aux comites de leur rendre leurs armes, assurant qu'ils
etaient prets a les employer a la defense de la republique.
Toutes les sections de Paris, excepte celle des Quinze-Vingts,
accepterent la constitution, et rejeterent les decrets. Il n'en fut
point de meme dans le reste de la France. L'opposition, comme il arrive
toujours, etait moins ardente dans les provinces que dans la capitale.
Les royalistes, les intrigans, les ambitieux, qui avaient interet a
presser le renouvellement du corps legislatif et du gouvernement,
n'etaient nombreux qu'a Paris; aussi, dans les provinces, les assemblees
furent-elles calmes, quoique parfaitement libres; elles adopterent la
constitution a la presque unanimite, et les decrets a une grande
majorite. Quant aux armees, elles recurent la constitution avec
enthousiasme dans la Bretagne et la Vendee, aux Alpes et sur le Rhin.
Les camps, changes en assemblees primaires, retentirent d'acclamations.
Ils etaient pleins d'hommes devoues a la revolution, et qui lui etaient
attaches par les sacrifices memes qu'ils avaient faits pour elle. Ce
dechainement qu'on montrait a Paris contre le gouvernement
revolutionnaire etait tout a fait inconnu dans les armees. Les
requisitionnaires de 1793, dont elles etaient remplies, conservaient le
plus grand souvenir de ce fameux comite, qui les avait bien mieux
conduits et nourris que le nouveau gouvernement. Arraches a la vie
privee, habitues a braver les fatigues et la mort, nourris de gloire et
d'illusions, ils avaient encore cet enthousiasme qui, dans l'interieur
de la France, commencait a se dissiper; ils etaient fiers de se dire
soldats d'une republique defendue par eux contre tous les rois de
l'Europe, et qui, en quelque sorte, etait leur ouvr
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