core livre contre les factions revoltees.
Il etait quatre heures et demie; Bonaparte, accompagne de Barras, monte
a cheval dans la cour des Tuileries, et court au poste du cul-de-sac
Dauphin, faisant face a l'eglise Saint-Roch. Les bataillons
sectionnaires remplissaient la rue Saint-Honore, et venaient aboutir
jusqu'a l'entree du cul-de-sac. Un de leurs meilleurs bataillons s'etait
poste sur les degres de l'eglise Saint-Roch, et il etait place la d'une
maniere avantageuse pour tirailler sur les canonniere conventionnels.
Bonaparte, qui savait apprecier la puissance des premiers coups, fait
sur-le-champ avancer ses pieces, et ordonne une premiere decharge. Les
sectionnaires repondent par un feu de mousqueterie tres-vif; mais
Bonaparte, les couvrant de mitraille, les oblige a se replier sur les
degres de l'eglise Saint-Roch; il debouche sur-le-champ dans la rue
Saint-Honore, et lance sur l'eglise meme une troupe de patriotes qui se
battaient a ses cotes avec la plus grande valeur, et qui avaient de
cruelles injures a venger. Les sectionnaires, apres une vive resistance,
sont deloges. Bonaparte, tournant aussitot ses pieces a droite et a
gauche, fait tirer dans toute la longueur de la rue Saint-Honore. Les
assaillans fuient aussitot de toutes parts, et se retirent dans le plus
grand desordre. Bonaparte laisse alors a un officier le soin de
continuer le feu et d'achever la defaite; il remonte vers le Carrousel,
et court aux autres postes. Partout il fait tirer a mitraille, et voit
partout fuir ces malheureux sectionnaires imprudemment exposes en
colonnes profondes aux effets de l'artillerie. Les sectionnaires,
quoique ayant en tete de leurs colonnes des hommes fort braves, fuient
en toute hate vers le quartier-general des Filles-Saint-Thomas. Danican
et les chefs reconnaissent alors la faute qu'ils ont faite en marchant
sur les pieces, au lieu de se barricader et de se loger dans les maisons
voisines des Tuileries. Cependant ils ne perdent pas courage, et se
decident a un nouvel effort. Ils imaginent de se joindre aux colonnes
qui viennent du faubourg Saint-Germain, pour faire une attaque commune
sur les ponts. En effet, ils rallient six a huit mille hommes, les
dirigent vers le Pont-Neuf, ou etait poste Lafond avec sa troupe, et se
reunissent aux bataillons venant de la rue Dauphine, sous le
commandement du comte Maulevrier. Tous ensemble s'avancent en colonne
serree, du Pont-Neuf sur le Pont-Royal, en suivant le quai Volt
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