se mettre a
plus haut prix. Cependant des contemporains dignes de foi ont pense
qu'il fallait attribuer ses fausses manoeuvres a sa trahison; il est
ainsi le seul general connu dans l'histoire qui se soit fait battre
volontairement. Ce n'est pas un corps seulement qu'il devait jeter
au-dela de Manheim, mais toute son armee, pour s'emparer d'Heidelberg,
qui est le point essentiel ou se croisent les routes pour aller du
Haut-Rhin dans les vallees du Necker et du Mein. C'etait s'emparer ainsi
du point par lequel Wurmser aurait pu se joindre a Clerfayt; c'etait
separer pour jamais ces deux generaux; c'etait s'assurer la position par
laquelle on pouvait se joindre a Jourdan, et former avec lui une masse
qui aurait accable successivement Clerfayt et Wurmser. Clerfayt, sentant
le danger, quitta les bords du Mein pour courir a Heidelberg; mais son
lieutenant Kwasdanovich, aide de Wurmser, etait parvenu a deloger
d'Heidelberg la division que Pichegru y avait laissee. Pichegru etait
renferme dans Manheim; et Clerfayt, ne craignant plus pour ses
communications avec Wurmser, avait marche aussitot sur Jourdan.
Celui-ci, serre entre le Rhin et la ligne de neutralite, ne pouvant pas
y vivre comme en pays ennemi, et n'ayant aucun service organise pour
tirer ses ressources des Pays-Bas, se trouvait, des qu'il ne pouvait ni
marcher en avant, ni se reunir a Pichegru, dans une position des plus
critiques. Clerfayt d'ailleurs, ne respectant pas la neutralite, s'etait
place de maniere a tourner sa gauche et a le jeter dans le Rhin. Jourdan
ne pouvait donc pas tenir la. Il fut resolu par les representans, et de
l'avis de tous les generaux, qu'il se replierait sur Mayence pour en
faire le blocus sur la rive droite. Mais cette position ne valait pas
mieux que la precedente; elle le laissait dans la meme penurie; elle
l'exposait aux coups de Clerfayt dans une situation desavantageuse; elle
le mettait dans le cas de perdre sa route vers Dusseldorf; en
consequence on finit par decider qu'il battrait en retraite pour
regagner le Bas-Rhin, ce qu'il fit en bon ordre, et sans etre inquiete
par Clerfayt, qui, nourrissant un grand projet, revint sur le Mein pour
s'approcher de Mayence.
A cette nouvelle de la marche retrograde de l'armee de Sambre-et-Meuse,
se joignaient des bruits facheux sur l'armee d'Italie. Scherer y etait
arrive avec deux belles divisions des Pyrenees orientales, devenues
disponibles par la paix avec l'Espagne: neanmoins on disait
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