is il y avait entre eux de l'humeur et peu de confiance. Vers les
derniers jours de la session, on parla, dans cette reunion, des
nouvelles elections, des intrigues du royalisme pour les corrompre, et
du silence de Boissy, Lanjuinais, La Riviere et Lesage, pendant les
scenes de vendemiaire. Legendre, avec sa petulance ordinaire, reprocha
ce silence aux quatre deputes qui etaient presents. Ceux-ci essayerent
de se justifier. Lanjuinais laissa echapper le mot fort etrange de
_massacre du 13 vendemiaire_, et prouva ainsi ou un grand desordre
d'idees ou des sentimens bien peu republicains. Tallien, a ce mot, entra
dans une violente colere, et voulut sortir, en disant qu'il ne pouvait
pas rester plus long-temps avec des royalistes, et qu'il allait les
denoncer a la convention. On l'entoura, on le calma, et on tacha de
pallier le mot de Lanjuinais. Neanmoins on se separa tout-a-fait
brouille.
Cependant l'agitation allait croissant dans Paris, les mefiances
s'augmentaient de toutes parts, les soupcons de royalisme s'etendaient
sur tout le monde. Tallien demanda que la convention se format en comite
secret, et il denonca formellement Lesage, La Riviere, Boissy-d'Anglas
et Lanjuinais. Ses preuves n'etaient pas suffisantes, elles ne
reposaient que sur des inductions plus ou moins probables, et
l'accusation ne fut point appuyee. Louvet quoique attache aux
thermidoriens, n'appuya pas cependant l'accusation contre les quatre
deputes, qui etaient ses amis; mais il accusa Rovere et Saladin, et
peignit a grands traits leur conduite. Il retraca leurs variations du
plus fougueux terrorisme au plus fougueux royalisme, et fit decreter
leur arrestation. On arreta aussi Lhomond, compromis par Lemaitre, et
Aubry, auteur de la reaction militaire.
Les adversaires de Tallien demanderent en represaille la publication
d'une lettre du pretendant au duc d'Harcourt, ou, parlant de ce qu'on
lui mandait de Paris, il disait: _Je ne puis croire que Tallien soit un
royaliste de la bonne espece_. On doit se souvenir que les agens de
Paris se flattaient d'avoir gagne Tallien et Hoche. Leurs vanteries
habituelles, et leurs calomnies a l'egard de Hoche, suffisent pour
justifier Tallien. Cette lettre fit peu d'effet, car Tallien, depuis
Quiberon, et depuis sa conduite en vendemiaire, loin de passer pour
royaliste, etait considere comme un terroriste sanguinaire. Ainsi, des
hommes qui auraient du s'entendre pour sauver a efforts communs une
revolution qui e
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