que ce
general ne se croyait pas sur de sa position, et qu'il demandait en
materiel et en approvisionnemens des secours qu'on ne pouvait lui
fournir, et sans lesquels il menacait de faire un mouvement retrograde.
Enfin on parlait d'une seconde expedition anglaise qui portait le comte
d'Artois et de nouvelles troupes de debarquement.
Ces nouvelles, qui sans doute n'avaient rien de menacant pour
l'existence de la republique, qui etait toujours maitresse du cours du
Rhin, qui avait deux armees de plus a envoyer, l'une en Italie, l'autre
en Vendee, qui venait d'apprendre par l'evenement de Quiberon a compter
sur Hoche, et a ne pas craindre les expeditions des emigres; ces
nouvelles n'en contribuerent pas moins a reveiller les royalistes
terrifies par vendemiaire, et a irriter les patriotes peu satisfaits de
la maniere dont on avait use de la victoire. La decouverte de la
correspondance de Lemaitre produisit surtout le plus facheux effet. On
y vit tout entier le complot que l'on soupconnait depuis long-temps; on
y acquit la certitude de l'existence d'une agence secrete
etablie a Paris, communiquant avec Verone, avec la Vendee, avec
toutes les provinces de la France, y excitant des mouvemens
contre-revolutionnaires, et ayant des intelligences avec plusieurs
membres de la convention et des comites. La vanterie meme de ces
miserables agens, qui se flattaient d'avoir gagne tantot des generaux,
tantot des deputes, qui disaient avoir eu des liaisons avec les
monarchiens et les thermidoriens, contribua a exciter davantage les
soupcons, et a les faire planer sur la tete des deputes du cote droit.
Deja on designait Rovere et Saladin, et on s'etait procure contre eux
des preuves convaincantes. Ce dernier avait publie une brochure contre
les decrets des 5 et 13 fructidor, et venait d'en etre recompense par
les suffrages des electeurs parisiens. On signalait encore comme
complices secrets de l'agence royaliste, Lesage (d'Eure-et-Loir), La
Riviere, Boissy-d'Anglas et Lanjuinais. Leur silence dans les journees
des 11, 12 et 13 vendemiaire les avait fort compromis. Les journaux
contre-revolutionnaires, en les louant avec affectation, contribuaient a
les compromettre davantage encore. Ces memes journaux, qui louaient si
fort les soixante-treize, accablaient d'outrages les thermidoriens. Il
etait difficile qu'une rupture ne s'ensuivit pas. Les soixante-treize et
les thermidoriens continuaient toujours de se reunir chez un ami commun,
ma
|