. Plusieurs
generaux etaient venus lui offrir leurs services: un Vendeen connu sous
le nom de comte de Maulevrier, et un jeune emigre, appele Lafond,
sortirent de leur retraite pour diriger le mouvement. Les generaux
Duhoux et Danican, qui avaient commande les armees republicaines en
Vendee, s'etaient joints a eux. Danican etait un esprit inquiet, plus
propre a declamer dans un club qu'a commander une armee; il avait ete
ami de Hoche, qui le gourmandait souvent pour ses inconsequences.
Destitue, il etait a Paris, fort mecontent du gouvernement, et pret a
entrer dans les plus mauvais projets; il fut fait general en chef des
sections. Le parti etant pris de se battre, tous les citoyens se
trouvant engages malgre eux, on forma une espece de plan. Les sections
du faubourg Saint-Germain, sous les ordres du comte de Maulevrier,
devaient partir de l'Odeon pour attaquer les Tuileries par les ponts;
les sections de la rive droite devaient attaquer par la rue Saint-Honore
et par toutes les rues transversales qui aboutissent de la rue
Saint-Honore aux Tuileries. Un detachement, sous les ordres du jeune
Lafond, devait s'emparer du Pont-Neuf, afin de mettre en communication
les deux divisions de l'armee sectionnaire. On placa en tete des
colonnes les jeunes gens qui avaient servi dans les armees, et qui
etaient les plus capables de braver le feu. Sur les quarante mille
hommes de la garde nationale, vingt ou vingt-sept mille hommes au plus
etaient presens sous les armes. Il y avait une manoeuvre beaucoup plus
sure que celle de se presenter en colonnes profondes au feu des
batteries; c'etait de faire des barricades dans les rues, d'enfermer
ainsi l'assemblee et ses troupes dans les Tuileries, de s'emparer des
maisons environnantes, de diriger de la un feu meurtrier, de tuer un a
un les defenseurs de la convention, et de les reduire bientot ainsi par
la faim et les balles. Mais les sectionnaires ne songeaient qu'a un coup
de main, et croyaient, par une seule charge, arriver jusqu'au palais et
s'en faire ouvrir les portes.
Dans la matinee meme, la section Poissonniere arreta les chevaux de
l'artillerie et les armes, dirigees vers la section des Quinze-Vingts;
celle du Mont-Blanc enleva les subsistances destinees aux Tuileries; un
detachement de la section Lepelletier s'empara de la tresorerie. Le
jeune Lafond, a la tete de plusieurs compagnies, se porta vers le
Pont-Neuf, tandis que d'autres bataillons venaient par la rue Dauphine.
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