aient
espere jusqu'au dernier moment que la France donnerait un vote semblable
a celui de Paris, et qu'ils seraient delivres de ce qu'ils appelaient
les deux tiers; mais le dernier decret ne leur permettait plus aucun
espoir. Affectant de ne pas croire a une loyale supputation des votes,
ils envoyerent des commissaires au comite des decrets, pour verifier les
proces-verbaux. Cette injurieuse demarche ne fut point mal accueillie.
On consentit a leur montrer les proces-verbaux et a leur laisser faire
le compte des votes; ils le trouverent exact. Des lors ils n'eurent plus
meme cette malheureuse objection d'une erreur de calcul ou d'un
mensonge; il ne leur resta plus que l'insurrection. Mais c'etait un
parti violent, et il n'etait pas aise de s'y resoudre. Les ambitieux qui
desiraient eloigner les hommes de la revolution, pour prendre leur place
dans le gouvernement republicain; les jeunes gens qui voulaient etaler
leur courage, et qui avaient meme servi pour la plupart; les royalistes
enfin qui n'avaient d'autre ressource qu'une attaque de vive force,
pouvaient s'exposer volontiers a la chance d'un combat; mais cette masse
d'hommes paisibles, entraines a figurer dans les sections par peur des
terroristes plutot que par courage politique, n'etaient pas faciles a
decider. D'abord l'insurrection ne convenait pas a leurs principes;
comment, en effet, des ennemis de l'anarchie pouvaient-ils attaquer le
pouvoir etabli et reconnu? Les partis, il est vrai, craignent peu les
contradictions: mais comment des bourgeois, qui n'etaient jamais sortis
de leurs comptoirs ou de leurs maisons, oseraient-ils attaquer des
troupes de ligne, armees de canons? Cependant les intrigans royalistes,
les ambitieux, se jeterent dans les sections, parlerent d'interet public
et d'honneur; ils dirent qu'il n'y avait pas de surete a etre gouverne
encore par des conventionnels; qu'on resterait toujours expose au
terrorisme, que du reste il etait honteux de reculer et de se laisser
soumettre. On s'adressa a la vanite. Les jeunes gens qui revenaient des
armees firent grand bruit, entrainerent les timides, les empecherent de
manifester leurs craintes, et tout se prepara pour un coup d'eclat. Des
groupes de jeunes gens parcouraient les rues en criant: _A bas les deux
tiers!_ Lorsque les soldats de la convention voulaient les disperser et
les empecher de proferer des cris seditieux, ils ripostaient a coups de
fusil. Il y eut differentes emeutes, le plusieurs cou
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