tionale. Une multitude de curieux accoururent sur la place de
l'Odeon, et formerent bientot un rassemblement considerable. Les comites
de surete generale et de salut public, les trois representans qui depuis
le 4 prairial avaient conserve la direction de la force armee, etaient
toujours reunis dans les occasions importantes. Ils coururent a la
convention lui denoncer cette premiere demarche, qui denotait evidemment
un projet d'insurrection. La convention etait assemblee pour celebrer
une fete funebre dans la salle de ses seances, en l'honneur des
malheureux girondins. On voulait remettre la fete; Tallien s'y opposa;
il dit qu'il ne serait pas digne de l'assemblee de l'interrompre, et
qu'elle devait vaquer a ses travaux accoutumes, au milieu de tous les
perils. On rendit un decret portant l'ordre de se separer, a toute
reunion d'electeurs, formee ou d'une maniere illegale, ou avant le
terme prescrit, ou pour un objet etranger a ses fonctions electorales.
Pour ouvrir une issue a ceux qui auraient envie de reculer, on ajouta au
decret que tous ceux qui, entraines a des demarches illegales,
rentreraient immediatement dans le devoir, seraient exempts de
poursuites. Sur-le-champ des officiers de police, escortes seulement de
six dragons, furent envoyes sur la place de l'Odeon pour faire la
proclamation du decret. Les comites voulaient autant que possible eviter
l'emploi de la force. La foule s'etait augmentee a l'Odeon, surtout vers
la nuit. L'interieur du theatre etait mal eclaire; une multitude de
sectionnaires occupaient les loges; ceux qui prenaient une part active a
l'evenement se promenaient sur le theatre avec agitation. On n'osait
rien deliberer, rien decider. En apprenant l'arrivee des officiers de
police charges de lire le decret, on courut sur la place de l'Odeon.
Deja la foule les avait entoures; on se precipita sur eux, on eteignit
les torches qu'ils portaient, et on obligea les dragons a s'enfuir. On
rentra alors dans la salle du theatre, en s'applaudissant de ce succes;
on fit des discours, on se promit avec serment de resister a la
tyrannie; mais aucune mesure ne fut prise pour appuyer la demarche
decisive qu'on venait de faire. La nuit s'avancait: beaucoup de curieux
et de sectionnaires se retiraient; la salle commenca a se degarnir, et
finit par etre abandonnee tout a fait a l'approche de la force armee,
qui arriva bientot. En effet, les comites avaient ordonne au general
Menou, nomme, depuis le 4 prairial, ge
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