ps de feu au milieu
meme du Palais-Royal.
Lemaitre et ses collegues, voyant le succes de leurs projets, avaient
fait venir a Paris plusieurs chefs de chouans et un certain nombre
d'emigres; ils les tenaient caches, et n'attendaient que le premier
signal pour les faire paraitre. Ils avaient reussi a provoquer des
mouvemens a Orleans, a Chartres, a Dreux, a Verneuil et a Nonancourt. A
Chartres, un representant, Letellier, n'ayant pu empecher une emeute,
s'etait brule la cervelle. Quoique ces mouvemens eussent ete reprimes,
un succes a Paris pouvait entrainer un mouvement general. Rien ne fut
oublie pour le fomenter, et bientot le succes des conspirateurs parut
complet.
Le projet de l'insurrection n'etait pas encore resolu; mais les honnetes
bourgeois de Paris se laissaient peu a peu entrainer par des jeunes gens
et des intrigans. Bientot ils allaient, de bravades en bravades, se
trouver engages irrevocablement. La section Lepelletier etait toujours
la plus agitee. Ce qu'il fallait, avant de songer a aucune tentative,
c'etait, comme nous l'avons dit, etablir une direction centrale. On en
cherchait depuis longtemps le moyen. On pensa que l'assemblee des
electeurs, nommee par toutes les assemblees primaires de Paris, pourrait
devenir cette autorite centrale; mais, d'apres le dernier decret, cette
assemblee ne devait pas se reunir avant le 20; et on ne voulait pas
attendre aussi longtemps. La section Lepelletier imagina alors un
arrete, fonde sur un motif assez singulier. La constitution,
disait-elle, ne mettait que vingt jours d'intervalle entre la reunion
des assemblees primaires et celle des assemblees electorales. Les
assemblees primaires s'etaient reunies cette fois le 20 fructidor, les
assemblees electorales devaient donc se reunir le 10 vendemiaire. La
convention n'avait fixe cette reunion que pour le 20; mais c'etait
evidemment pour retarder encore la mise en activite de la constitution
et le partage du pouvoir avec le nouveau tiers. En consequence, pour
sauvegarder les droits de citoyens, la section Lepelletier arretait que
les electeurs deja nommes se reuniraient sur-le-champ; elle communiqua
l'arrete aux autres sections pour le leur faire approuver. Il le fut par
plusieurs d'entre elles. La reunion fut fixee pour le 11, au
Theatre-Francais (salle de l'Odeon).
Le 11 vendemiaire (3 octobre), une partie des electeurs se rassembla
dans la salle du theatre, sous la protection de quelques bataillons de
la garde na
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