qui souhaitaient placer au pouvoir une generation nouvelle et pure; des
jeunes gens, epris de ces memes chimeres, beaucoup d'imaginations avides
de nouveaute, voyaient avec le plus vif regret la convention se
perpetuer ainsi pendant deux ou trois ans. La cohue des journalistes se
souleva. Une foule d'hommes, qui avaient rang dans la litterature, ou
qui avaient figure dans les anciennes assemblees, parurent aux tribunes
des sections. MM. Suard, Morellet, Lacretelle jeune, Fievee, Vaublaric,
Pastoret, Dupont de Nemours, Quatremere de Quincy, Delalot, le fougueux
converti La Harpe, le general Miranda, echappe des prisons ou l'avait
fait enfermer sa conduite a Nerwinde, l'espagnol Marchenna, soustrait a
la proscription de ses amis les girondins, le chef de l'agence royaliste
Lemaitre, se signalerent par des pamphlets ou des discours vehemens dans
les sections: le dechainement fut universel.
Le plan a suivre etait tout simple, c'etait d'accepter la constitution
et de rejeter les decrets. C'est ce qu'on proposa de faire a Paris, et
ce qu'on engagea toutes les sections de la France a faire aussi. Mais
les intrigans qui agitaient les sections, et qui voulaient pousser
l'opposition jusqu'a l'insurrection, desiraient un plan plus etendu. Ils
voulaient que les assemblees primaires, apres avoir accepte la
constitution et rejete les decrets des 5 et 13 fructidor, se
constituassent en permanence; qu'elles declarassent les pouvoirs de la
convention expires, et les assemblees electorales libres de choisir
leurs deputes partout ou il leur plairait de les prendre; enfin,
qu'elles ne consentissent a se separer qu'apres l'installation du
nouveau corps legislatif. Les agens de Lemaitre firent parvenir ce plan
dans les environs de Paris; ils ecrivirent en Normandie, ou l'on
intriguait beaucoup pour le regime de 91; en Bretagne, dans la Gironde,
partout ou ils avaient des relations. L'une de leurs lettres fut
saisie, et publiee a la tribune. La convention vit sans effroi les
preparatifs qu'on faisait contre elle, et attendit avec calme la
decision des assemblees primaires de toute la France, certaine que la
majorite se prononcerait en sa faveur. Cependant, soupconnant
l'intention d'une nouvelle journee, elle fit avancer quelques troupes,
et les reunit dans le camp des Sablons, sous Paris.
La section Lepelletier, autrefois Saint-Thomas, ne pouvait manquer de se
distinguer ici; elle vint, avec celles du Mail, de la Butte-des-Moulins,
des Cha
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