scenes de Toulon. Cependant il
etait constant que Puisaye avait fait ce qu'il avait pu. Il etait
absurde de supposer que l'Angleterre ne voulut pas reussir; ses propres
precautions a l'egard de Puisaye, le choix qu'elle fit elle-meme de
d'Hervilly pour empecher que les corps emigres ne fussent trop
compromis, et enfin le zele que le commodore Waren mit a sauver les
malheureux restes dans la presqu'ile, prouvent que, malgre son genie
politique, elle n'avait pas medite le crime hideux et lache qu'on lui
attribuait. Justice a tous, meme aux implacables ennemis de notre
revolution et de notre patrie!
Le commodore Waren alla debarquer a l'ile d'Houat les malheureux restes
de l'expedition; il attendit la de nouveaux ordres de Londres et
l'arrivee du comte d'Artois, qui etait abord du _Lord Moira_, pour
savoir ce qu'il faudrait faire. Le desespoir regnait dans cette petite
ile: les emigres, les chouans dans la plus grande misere, et atteints
d'une maladie contagieuse, se livraient aux recriminations, et
accusaient amerement Puisaye. Le desespoir etait bien plus grand encore
a Aurai et a Vannes, ou avaient ete transportes les mille emigres pris
les armes a la main. Hoche, apres les avoir vaincus, s'etait soustrait a
ce spectacle douloureux, pour courir a la poursuite de la bande de
Tinteniac, appelee l'armee rouge. Le sort des prisonniers ne le
regardait plus: que pouvait-il pour eux? Les lois existaient, il ne
pouvait les annuler. Il en refera au comite de salut public et a
Tallien. Tallien partit sur-le-champ, et arriva a Paris la veille de
l'anniversaire du 9 thermidor. Le lendemain on celebrait, suivant le
nouveau mode adopte, une fete dans le sein meme de l'assemblee, en
commemoration de la chute de Robespierre. Tous les representans
siegeaient en costume; un nombreux orchestre executait des airs
patriotiques; des choeurs chantaient les hymnes de Chenier. Courtois lut
un rapport sur la journee du 9 thermidor. Tallien lut ensuite un autre
rapport sur l'affaire de Quiberon. On remarqua chez lui l'intention de
se procurer un double triomphe; neanmoins on applaudit vivement ses
services de l'annee derniere et ceux qu'il venait de rendre dans le
moment. Sa presence, en effet, n'avait pas ete inutile a Hoche. Il y
eut, le meme jour, un banquet chez Tallien; les principaux girondins s'y
etaient reunis aux thermidoriens; Louvet, Lanjuinais y assistaient.
Lanjuinais porta un toast au 9 thermidor, et aux deputes courageux qui
ava
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