ristes; on s'etait anime par la
lutte, on voulait persecuter aussi, et on s'irritait contre la
convention, qui ne voulait pas laisser pousser la persecution trop loin.
On etait toujours pret a se souvenir que la terreur etait sortie de son
sein; on lui demandait une constitution et des lois, et la fin de sa
longue dictature. La plupart des hommes qui reclamaient tout cela ne
songeaient guere aux Bourbons. C'etait le riche tiers-etat de 89,
c'etaient des negocians, des marchands, des proprietaires, des avocats,
des ecrivains, qui voulaient enfin l'etablissement des lois et la
jouissance de leurs droits; c'etaient des jeunes gens sincerement
republicains, mais aveugles par leur ardeur contre le systeme
revolutionnaire; c'etaient beaucoup d'ambitieux, ecrivains de journaux
ou orateurs de sections, qui, pour prendre aussi leur place, desiraient
que la convention se retirat devant eux; les royalistes se cachaient
derriere cette masse. On comptait parmi ceux-ci quelques emigres,
quelques pretres rentres, quelques creatures de l'ancienne cour, qui
avaient perdu des places, et beaucoup d'indifferens et de poltrons qui
redoutaient une liberte orageuse. Ces derniers n'allaient pas dans les
sections; mais les premiers y etaient assidus, et employaient tous les
moyens pour les agiter. L'instruction donnee par les agens royalistes a
leurs affides etait de prendre le langage des sectionnaires, de reclamer
les memes choses, de demander comme eux la punition des terroristes,
l'achevement de la constitution, le proces des deputes montagnards; mais
a demander tout cela avec plus de violence, de maniere a compromettre
les sections avec la convention, et a provoquer de nouveaux mouvemens;
car tout mouvement etait une chance, et pouvait du moins degouter d'une
republique si tumultueuse.
De telles menees n'etaient heureusement possibles qu'a Paris, car c'est
toujours la ville de France la plus agitee; c'est celle ou l'on discute
le plus chaudement sur les interets publics, ou l'on a le gout et la
pretention d'influer sur le gouvernement, et ou commence toujours
l'opposition. Excepte Lyon, Marseille et Toulon, ou l'on s'egorgeait, le
reste de la France prenait a ces agitations politiques infiniment moins
de part que les sections de Paris.
A tout ce qu'ils disaient ou faisaient dire dans les sections, les
intrigans au service du royalisme ajoutaient des pamphlets et des
articles de journaux. Ils mentaient ensuite selon leur usage, se
donna
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