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commission, etrangere aux haines qui fermentaient dans les departemens,
ferait meilleure justice, et ne confondrait pas les patriotes compromis
par l'ardeur de leur zele, avec les hommes coupables qui avaient pris
part aux cruautes de la tyrannie decemvirale. Tous les ennemis
opiniatres des patriotes se souleverent a l'idee de cette commission,
qui allait agir comme le comite de surete generale renouvele apres le 9
thermidor, c'est-a-dire elargir en masse. Ils demanderent comment cette
commission de douze membres pourrait juger vingt ou vingt-cinq mille
affaires. On repondit tout simplement qu'elle ferait comme le comite de
surete generale, qui en avait juge quatre-vingt ou cent mille, lors de
l'ouverture des prisons. Mais c'etait justement de cette maniere de
juger qu'on ne voulait pas. Apres plusieurs jours de debats, entremeles
de petitions plus hardies les unes que les autres, on decida enfin que
les patriotes seraient juges par les tribunaux des departemens, et on
renvoya le decret aux comites pour en modifier certaines dispositions
secondaires. Il fallut consentir aussi a la continuation du rapport sur
les deputes compromis dans leurs missions. On decreta d'arrestation[6]
Lequinio, Lanot, Lefiot, Dupin, Bo, Piorry, Maxieu, Chaudron-Rousseau,
Laplanche, Fouche; et on commenca le proces de Lebon. Dans cet instant,
la convention avait autant de ses membres en prison qu'au temps de la
terreur. Ainsi les partisans de la clemence n'avaient rien a regretter,
et avaient rendu le mal pour le mal.
La constitution avait ete presentee par la commission des onze; elle fut
discutee pendant les trois mois de messidor, thermidor et fructidor an
III, et fut successivement decretee avec peu de changemens. Ses auteurs
etaient Lesage, Daunou, Boissy-d'Anglas, Creuze-Latouche, Berlier,
Louvet, Larevelliere-Lepeaux, Lanjuinais, Durand-Maillane, Baudin (des
Ardennes) et Thibaudeau. Sieyes n'avait pas voulu faire partie de cette
commission; car en fait de constitution, il etait encore plus absolu
que sur tout le reste. Les constitutions etaient l'objet des reflexions
de toute sa vie; elles etaient sa vocation particuliere. Il en avait une
toute prete dans sa tete; et il n'etait pas homme a en faire le
sacrifice. Il vint la proposer en son nom et sans l'intermediaire de la
commission. L'assemblee, par egard pour son genie, voulut bien
l'ecouter, mais n'adopta pas son projet. On la verra reparaitre plus
tard, et il sera temps alors de f
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