it dans la
guerre etrangere! Il fallait donc bien l'aimer, ou du moins le dire!
Cependant, malgre ces protestations, les thermidoriens etaient en
defiance; ils ne comptaient que sur M. Daunou, dont on connaissait la
probite et les principes severes, et sur Louvet, dont l'ame ardente
etait restee republicaine. Celui-ci, en effet, apres avoir perdu tant
d'illustres amis, couru tant de dangers, ne comprenait pas que ce put
etre en vain; il ne comprenait pas que tant de belles vies eussent ete
detruites pour aboutir a la royaute; il s'etait tout a fait rattache aux
thermidoriens. Les thermidoriens se rattachaient eux-memes de jour en
jour aux montagnards, a cette masse de republicains inebranlables, dont
ils avaient sacrifie un assez grand nombre.
Ils voulaient provoquer d'abord des mesures contre la rentree des
emigres, qui continuaient de reparaitre en foule, les uns avec de faux
passeports et sous des noms supposes, les autres sous le pretexte de
venir demander leur radiation. Presque tous presentaient de faux
certificats de residence, disaient n'etre pas sortis de France, et
s'etre seulement caches, ou n'avoir ete poursuivis qu'a l'occasion des
evenemens du 31 mai. Sous le pretexte de solliciter aupres du comite de
surete generale, ils remplissaient Paris, et quelques-uns contribuaient
aux agitations des sections. Parmi les personnages les plus marquans
rentres a Paris, etait madame de Stael, qui venait de reparaitre en
France a la suite de son mari, ambassadeur de Suede. Elle avait ouvert
son salon, ou elle satisfaisait le besoin de deployer ses facultes
brillantes. Une republique etait loin de deplaire a la hardiesse de son
esprit, mais elle ne l'eut acceptee qu'a condition d'y voir briller ses
amis proscrits, a condition de n'y plus voir ces revolutionnaires qui
passaient sans doute pour des hommes energiques, mais grossiers et
depourvus d'esprit. On voulait bien en effet recevoir de leurs mains la
republique sauvee, mais en les excluant bien vite de la tribune et du
gouvernement. Des etrangers de distinction, tous les ambassadeurs des
puissances, les gens de lettres les plus renommes par leur esprit, se
reunissaient chez madame de Stael. Ce n'etait plus le salon de madame
Tallien, c'etait le sien qui maintenant attirait toute l'attention, et
on pouvait mesurer par la le changement que la societe francaise avait
subi depuis six mois. On disait que madame de Stael intercedait pour des
emigres; on pretendait qu'elle v
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