ule desormais qui put donner de l'argent: il fallait la
menager, sauf a la tromper ensuite, si c'etait possible[4].
Un autre succes non moins important fut remporte par les armees de
Jourdan et de Pichegru. Apres bien des lenteurs, il avait ete enfin
decide qu'on passerait le Rhin. Les armees francaise et autrichienne se
trouvaient en presence sur les deux rives du fleuve, depuis Bale jusqu'a
Dusseldorf. La position defensive des Autrichiens devenait excellente
sur le Rhin. Les forteresses de Dusseldorf et d'Ehrenbreitstein
couvraient leur droite; Mayence, Manheim, Philisbourg leur centre et
leur gauche; le Necker et le Mein, prenant leur source non loin du
Danube, et coulant presque parallelement vers le Rhin, formaient deux
importantes lignes de communication entre les etats hereditaires,
apportaient les subsistances en quantite, et couvraient les deux flancs
de l'armee qui voudrait agir concentriquement vers Mayence. Le plan a
suivre sur ce champ de bataille est le meme pour les Autrichiens et pour
les Francais: les uns et les autres (de l'avis d'un grand capitaine et
d'un celebre critique) doivent tendre a agir concentriquement entre le
Mein et le Necker. Les armees francaises de Jourdan et de Pichegru
auraient du s'efforcer de passer le Rhin vers Mayence, a peu de distance
l'une de l'autre, se reunir ensuite dans la vallee du Mein, separer
Clerfayt de Wurmser, et remonter entre le Necker et le Mein, en tachant
de battre alternativement les deux generaux autrichiens. De meme les
generaux autrichiens devaient chercher a se concentrer pour deboucher
par Mayence sur la rive gauche, et tomber ou sur Jourdan ou sur
Pichegru. S'ils etaient prevenus, si le Rhin etait passe sur un point,
ils devaient se concentrer entre le Necker et le Mein, empecher la
reunion des deux armees francaises, et profiter d'un moment pour tomber
sur l'une ou sur l'autre. Les generaux autrichiens avaient tout
l'avantage pour prendre l'initiative, car ils occupaient Mayence et
pouvaient deboucher, quand il leur plairait, sur la rive gauche.
[4] Le tome V de Puisaye contient la preuve de tout cela.
Les Francais prirent l'initiative. Apres bien des lenteurs, les barques
hollandaises etaient enfin arrivees a la hauteur de Dusseldorf, et
Jourdan se prepara a franchir le Rhin. Le 20 fructidor (6 septembre), il
passa a Eichelcamp, Dusseldorf et Neuwied, par une manoeuvre tres
hardie; il s'avanca par la route de Dusseldorf a Francfort, entre la
lign
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