ementer avec le
general Humbert; mais le feu empechait de s'avancer. Aussitot un
officier emigre se jeta a la nage pour aller faire cesser le feu. Hoche
ne voulait pas une capitulation; il connaissait trop bien les lois
contre les emigres pour oser s'engager, et il etait incapable de
promettre ce qu'il ne pouvait pas tenir. Il a assure, dans une lettre
publiee dans toute l'Europe, qu'il n'entendit aucune des promesses
attribuees au general Humbert, et qu'il ne les aurait pas autorisees.
Quelques-uns de ses soldats purent crier: _Rendez-vous!_ mais il
n'offrit rien, ne promit rien. Il s'avanca, et les emigres, n'ayant plus
d'autre ressource que de se rendre ou de se faire tuer, eurent l'espoir
qu'on les traiterait peut-etre comme les Vendeens. Ils mirent bas les
armes. Aucune capitulation, meme verbale, n'eut lieu avec Hoche. Vauban,
qui etait present, avoue qu'il n'y eut aucune convention faite, et il
conseilla meme a Sombreuil de ne pas se rendre sur la vague esperance
qu'inspiraient les cris de quelques soldats.
Beaucoup d'emigres se percerent de leurs epees; d'autres se jeterent
dans les flots pour rejoindre les embarcations. Le commodore Waren fit
tous ses efforts pour vaincre les obstacles que presentait la mer, et
pour sauver le plus grand nombre possible de ces malheureux. Il y en
avait une foule qui, en voyant approcher les chaloupes, etaient entres
dans l'eau jusqu'au cou; du rivage on tirait sur leurs tetes.
Quelquefois ils s'elancaient sur ces chaloupes deja surchargees, et ceux
qui etaient dedans, craignant d'etre submerges, leur coupaient les mains
a coups de sabre.
Il faut quitter ces scenes d'horreur, ou des malheurs affreux
punissaient de grandes fautes. Plus d'une cause avait contribue a
empecher le succes de cette expedition. D'abord, on avait trop presume
de la Bretagne. Un peuple vraiment dispose a s'insurger eclate, comme
firent les Vendeens en mai 1793, va chercher des chefs, les supplie, les
force de se mettre a sa tete, mais n'attend pas qu'on l'organise, ne
souffre pas deux ans d'oppression pour se soulever quand l'oppression
est finie. Serait-il dans les meilleures dispositions, un surveillant
comme Hoche l'empecherait de les manifester. Il y avait donc beaucoup
d'illusions dans Puisaye. Cependant on aurait pu tirer parti de ce
peuple, et trouver dans son sein beaucoup d'hommes disposes a combattre,
si une expedition considerable s'etait avancee jusqu'a Rennes, et eut
chasse devant elle l'a
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