e de guerre, et demandaient qu'on les rendit a leurs forets.
Ils mouraient de faim. D'Hervilly, pour les forcer a s'enroler dans les
regimens, avait ordonne qu'on ne distribuat que demi-ration aux troupes
irregulieres: ils se revolterent. Puisaye, a l'insu duquel l'ordre
avait ete rendu, le fit revoquer, et la ration entiere fut accordee.
Ce qui distinguait Puisaye, outre son esprit, c'etait une perseverance a
toute epreuve; il ne se decouragea pas. Il eut l'idee de choisir l'elite
des chouans; de les debarquer en deux troupes, pour parcourir le pays
sur les derrieres de Hoche, pour soulever les chefs dont on n'avait pas
de nouvelles, et les porter en masse sur le camp de Sainte-Barbe, de
maniere a le prendre a revers, tandis que les troupes de la presqu'ile
l'attaqueraient de front. Il se delivrait ainsi de six a huit mille
bouches, les employait utilement, reveillait le zele singulierement
amorti des chefs bretons, et preparait une attaque sur les derrieres du
camp de Sainte-Barbe. Le projet arrete, il fit le meilleur choix
possible dans les chouans, en donna quatre mille a Tinteniac, avec trois
intrepides chefs, George, Mercier et d'Allegre, et trois mille a MM.
Jean-Jean et Lantivy. Tinteniac devait etre debarque a Sarzeau, pres de
l'embouchure de la Vilaine; Jean-Jean et Lantivy, pres de Quimper. Tous
deux devaient, apres un circuit assez long, se reunir a Baud le 14
juillet (26 messidor), et marcher, le 16 au matin, sur les derrieres du
camp de Sainte-Barbe. A l'instant ou ils allaient partir, les chefs des
chouans vinrent trouver Puisaye, et supplier leur ancien chef de partir
avec eux, lui disant que ces traitres d'Anglais allaient le perdre: il
n'etait pas possible que Puisaye acceptat. Ils partirent, et furent
debarques heureusement. Puisaye ecrivit aussitot a Londres, pour dire
que tout pouvait etre repare, mais qu'il fallait sur-le-champ envoyer
des vivres, des munitions, des troupes, et le prince francais.
Pendant que ces evenemens se passaient dans la presqu'ile, Hoche avait
deja reuni de huit a dix mille hommes a Sainte-Barbe. Aubert-Dubayet lui
faisait arriver, des cotes de Cherbourg, des troupes pour garder le nord
de la Bretagne; Canclaux lui avait envoye de Nantes un renfort
considerable, sous les ordres du general Lemoine. Les representans
avaient dejoue toutes les menees qui tendaient a livrer Lorient et
Saint-Malo. Les affaires des republicains s'amelioraient donc chaque
jour. Pendant ce temps, L
|