isons des Bretons enroles malgre eux
lors de la premiere requisition, et faits prisonniers pendant la guerre:
il en recueillit quatre ou cinq cents. Mais ce fut la tout ce qu'on put
reunir de Francais pour servir dans ces regimens a cocarde blanche.
Ainsi, sur les neuf, trois seulement etaient formes, dont un aux deux
tiers du complet, et deux au tiers seulement. Il y avait encore a
Londres le lieutenant-colonel Rothalier, qui commandait quatre cents
canonniers toulonnais. On en forma un regiment d'artillerie: on y
joignit quelques ingenieurs francais, dont on composa un corps du genie.
Quant a la foule des emigres, qui ne voulaient plus servir que dans
leurs anciens grades, et qui ne trouvaient pas de soldats pour se
composer des regimens, on resolut d'en former des cadres qu'on
remplirait en Bretagne avec les insurges. La, les hommes ne manquant
pas, et les officiers instruits etant rares, ils devaient trouver leur
emploi naturel. On les envoya a Jersey pour les y organiser et les tenir
prets a suivre la descente. En meme temps qu'il se formait des troupes,
Puisaye cherchait a se donner des finances. L'Angleterre lui promit
d'abord du numeraire en assez grande quantite; mais il voulut se
procurer des assignats. En consequence, il se fit autoriser par les
princes a en fabriquer trois milliards de faux; il y employa les
ecclesiastiques oisifs qui n'etaient pas bons a porter l'epee. L'eveque
de Lyon, jugeant cette mesure autrement que ne faisaient Puisaye et les
princes, defendit aux ecclesiastiques d'y prendre part. Puisaye eut
recours alors a d'autres employes, et fabriqua la somme qu'il avait le
projet d'emporter. Il voulait aussi un eveque qui remplit le role du
legat de pape aupres des pays catholiques. Il se souvenait qu'un
intrigant, le pretendu eveque d'Agra, en se donnant ce titre usurpe dans
la premiere Vendee, avait eu sur l'esprit des paysans une influence
extraordinaire; il prit en consequence avec lui l'eveque de Dol, qui
avait une commission de Rome. Il se fit donner ensuite par le comte
d'Artois les pouvoirs necessaires pour commander l'expedition et nommer
a tous les grades en attendant son arrivee. Le ministere anglais, de
son cote, lui confia la direction de l'expedition; mais, se defiant de
sa temerite et de son extreme ardeur a toucher terre, il chargea le
comte d'Hervilly de commander les regimens emigres jusqu'au moment ou la
descente serait operee.
Toutes les dispositions etant faites, on embarqu
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