s caresses des femmes, qui croyaient
voir en lui un personnage important et le chef du parti royaliste.
Secretement, il continuait de disposer les chouans a la guerre, et de
correspondre avec les agens royalistes. Son role, a l'egard de Puisaye,
etait embarrassant; il lui avait desobei, il avait trompe sa confiance,
et des lors il ne lui etait reste d'autre ressource que de se jeter dans
les bras des agens de Paris, qui lui faisaient esperer le commandement
de la Bretagne, et l'avaient mis dans leurs projets avec l'Espagne.
Cette puissance promettait 1,500,000 francs par mois, a condition qu'on
agirait sans l'Angleterre. Rien ne convenait mieux a Cormatin qu'un plan
qui le ferait rompre avec l'Angleterre et Puisaye. Deux autres
officiers, que Puisaye avait envoyes de Londres en Bretagne, MM. de la
Vieuville et Dandigne, etaient entres aussi dans le systeme des agens de
Paris et s'etaient persuade que l'Angleterre voulait tromper, comme a
Toulon, se servir des royalistes pour avoir un port, faire combattre des
Francais contre des Francais, mais ne donner aucun secours reel, capable
de relever le parti des princes et d'assurer leur triomphe. Tandis
qu'une partie des chefs bretons abondait dans ces idees, ceux du
Morbihan, du Finistere, des Cotes-du-Nord, lies depuis long-temps a
Puisaye, habitues a servir sous lui, organises par ses soins, et
etrangers aux intrigans de Paris, lui etaient demeures attaches,
appelaient Cormatin un traitre, et ecrivaient a Londres qu'ils etaient
prets a reprendre les armes. Ils faisaient des preparatifs, achetaient
des munitions et de l'etoffe pour se faire des collets noirs,
embauchaient les soldats republicains, et les entrainaient a deserter.
Ils y reussissaient, parce que, maitres du pays, ils avaient des
subsistances en abondance, et que les soldats republicains, mal nourris
et n'ayant que des assignats pour suppleer a la ration, etaient obliges
pour vivre d'abandonner leurs drapeaux. D'ailleurs, on avait eu
l'imprudence de laisser beaucoup de Bretons dans les regimens qui
servaient contre les pays royalistes, et il etait tout naturel qu'ils se
missent dans les rangs de leurs compatriotes.
Hoche, toujours vigilant, observait avec attention l'etat du pays; il
voyait les patriotes poursuivis sous le pretexte de la loi du
desarmement, les royalistes pleins de jactance, les subsistances
resserrees par les fermiers, les routes peu sures, les voitures
publiques obligees de partir en convoi
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