s pour se faire escorter, les
chouans formant des conciliabules secrets, des communications se
renouvelant frequemment avec les iles Jersey, et il avait ecrit au
comite et aux representans que la pacification etait une insigne
duperie, que la republique etait jouee, que tout annoncait une reprise
d'armes prochaine. Il avait employe le temps a former des colonnes
mobiles, et a les distribuer dans tout le pays, pour y assurer la
tranquillite, et fondre sur le premier rassemblement qui se formerait.
Mais le nombre de ses troupes etait insuffisant pour la surface de la
contree et l'immense etendue des cotes. A chaque instant la crainte d'un
mouvement dans une partie du pays, ou l'apparition des flottes anglaises
sur les cotes, exigeait la presence de ses colonnes, et les epuisait en
courses continuelles. Pour suffire a un pareil service, il fallait de sa
part et de celle de l'armee une resignation plus meritoire cent fois que
le courage de braver la mort. Malheureusement ses soldats se
dedommageaient de leurs fatigues par des exces; il en etait desole, et
il avait autant de peine a les reprimer qu'a surveiller l'ennemi.
Bientot il eut occasion de saisir Cormatin en flagrant delit. On
intercepta des depeches de lui a divers chefs de chouans, et on acquit
la preuve materielle de ses secretes menees. Instruit qu'il devait se
trouver un jour de foire a Rennes avec une foule de chouans deguises, et
craignant qu'il ne voulut faire une tentative sur l'arsenal, Hoche le
fit arreter le 6 prairial au soir, et mit ainsi un terme a son role.
Les differens chefs se recrierent aussitot, et se plaignirent de ce
qu'on violait la treve. Hoche fit imprimer en reponse les lettres de
Cormatin, et l'envoya avec ses complices dans les prisons de Cherbourg;
en meme temps il tint toutes ses colonnes pretes a fondre sur les
premiers rebelles qui se montreraient. Dans le Morbihan, le chevalier
Desilz, s'etant souleve, fut attaque aussitot par le general Josnet, qui
lui detruisit trois cents hommes, et le mit en deroute complete; ce chef
perit dans l'action. Dans les Cotes-du-Nord, Bois-Hardi se souleva
aussi; son corps fut disperse, lui-meme fut pris et tue. Les soldats,
furieux contre la mauvaise foi de ce jeune chef, qui etait le plus
redoutable du pays, lui couperent la tete et la porterent au bout d'une
baionnette. Hoche, indigne de ce defaut de generosite, ecrivit la lettre
la plus noble a ses soldats, et fit rechercher les coupables pour les
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