PAYS
PACIFIES.--EXPEDITION DE QUIBERON.--DESTRUCTION DE L'ARMEE ROYALISTE PAR
HOCHE.--CAUSE DU PEU DE SUCCES DE CETTE TENTATIVE.--PAIX AVEC
L'ESPAGNE.--PASSAGE DU RHIN PAR LES ARMEES FRANCAISES.
La situation des armees avait peu change, et quoique une moitie de la
belle saison fut ecoulee, il ne s'etait passe aucun evenement important.
Moreau avait recu le commandement de l'armee du Nord, campee en
Hollande; Jourdan, celui de l'armee de Sambre-et-Meuse, placee sur le
Rhin, vers Cologne; Pichegru, celui de l'armee du Rhin, cantonnee depuis
Mayence jusqu'a Strasbourg. Les troupes etaient dans une penurie qui
n'avait fait que s'augmenter par le relachement de tous les ressorts du
gouvernement, et par la ruine du papier-monnaie. Jourdan n'avait pas un
equipage de pont pour passer le Rhin, ni un cheval pour trainer son
artillerie et ses bagages. Kleber, devant Mayence, n'avait pas le quart
du materiel necessaire pour assieger cette place. Les soldats
desertaient tous a l'interieur. La plupart croyaient avoir assez fait
pour la republique, en portant ses drapeaux victorieux jusqu'au Rhin. Le
gouvernement ne savait pas les nourrir; il ne savait ni occuper ni
rechauffer leur ardeur par de grandes operations. Il n'osait pas ramener
par la force ceux qui desertaient leurs drapeaux. On savait que les
jeunes gens de la premiere requisition, rentres dans l'interieur,
n'etaient ni recherches ni punis; a Paris meme ils etaient dans la
faveur des comites, dont ils formaient souvent la milice volontaire.
Aussi le nombre des desertions etait considerable; les armees avaient
perdu le quart de leur effectif, et on sentait partout ce relachement
general qui detache le soldat du service, mecontente les chefs, et met
leur fidelite en peril. Le depute Aubry, charge, au comite de salut
public, du personnel de l'armee, y avait opere une veritable reaction
contre tous les officiers patriotes, en faveur de ceux qui n'avaient pas
servi dans les deux grandes annees de 93 et 94.
Si les Autrichiens n'avaient pas ete si demoralises, c'eut ete le moment
pour eux de se venger de leurs revers; mais ils se reorganisaient
lentement au-dela du Rhin, et ils n'osaient rien faire pour empecher
les deux seules operations tentees par les armees francaises, le siege
de Luxembourg et celui de Mayence. Ces deux places etaient les seuls
points que la coalition conservat sur la rive gauche du Rhin. La chute
de Luxembourg achevait la conquete des Pays-Bas, et la re
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