on, compose des thermidoriens et des
girondins, tout en se defendant contre les revolutionnaires, suivait de
l'oeil les royalistes, et sentait la necessite de les comprimer. Il fit
decreter sur-le-champ que la ville de Lyon serait desarmee par un
detachement de l'armee des Alpes, et que les autorites, qui avaient
laisse massacrer les patriotes, seraient destituees. Il fut enjoint en
meme temps aux comites civils des sections, de reviser les listes de
detention, et d'ordonner l'elargissement de ceux qui etaient enfermes
sans des motifs suffisans. Aussitot les sections, excitees par les
intrigans royalistes, se souleverent; elles vinrent adresser des
petitions menacantes a la convention, et dirent que le comite de surete
generale elargissait les terroristes, et leur rendait des armes. Les
sections de Lepelletier et du Theatre-Francais (Odeon), toujours les
plus ardentes contre les revolutionnaires, demanderent si on voulait
relever la faction abattue, et si c'etait pour faire oublier le
terrorisme qu'on venait parler de royalisme a la France.
A ces petitions, souvent peu respectueuses, les interesses au desordre
ajoutaient les bruits les plus capables d'agiter les esprits. C'etait
Toulon qui avait ete livre aux Anglais; c'etaient le prince de Conde et
les Autrichiens qui allaient entrer par la Franche-Comte, tandis que les
Anglais penetreraient par l'Ouest; c'etait Pichegru qui etait mort;
c'etaient les subsistances qui allaient manquer parce qu'on voulait les
rendre au commerce libre; c'etait enfin une reunion des comites qui,
effrayes des dangers publics, avaient delibere de retablir le regime de
la terreur. Les journaux voues au royalisme excitaient, fomentaient tous
ces bruits; et, au milieu de cette agitation generale, on pouvait dire
veritablement que le regne de l'anarchie etait venu. Les thermidoriens
et les contre-revolutionnaires se trompaient quand ils appelaient
anarchie le regime qui avait precede le 9 thermidor: ce regime avait ete
une dictature epouvantable; mais l'anarchie avait commence depuis que
deux factions, a peu pres egales en forces, se combattaient sans que le
gouvernement fut assez fort pour les vaincre.
CHAPITRE XXX.
SITUATION DES ARMEES AU NORD ET SUR LE RHIN, AUX ALPES ET AUX PYRENEES
VERS LE MILIEU DE L'AN III.--PREMIERS PROJETS DE TRAHISON DE
PICHEGRU.--ETAT DE LA VENDEE ET DE LA BRETAGNE.--INTRIGUES ET PLANS DES
ROYALISTES.--RENOUVELLEMENT DES HOSTILITES SUR QUELQUES POINTS DES
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