victorieuse. Les deux
representans furent obliges de signer l'ordre d'elargissement. Brunel,
desespere d'avoir cede, se brula la cervelle; Nion se refugia sur la
flotte. Alors les revoltes songerent a marcher sur Marseille, pour
soulever, disaient-ils, tout le Midi. Mais les representans en mission a
Marseille firent placer une compagnie d'artillerie sur la route, et
prirent toutes les precautions pour empecher l'execution de leurs
projets. Le 1er prairial ils etaient maitres dans Toulon, sans pouvoir,
il est vrai, s'etendre plus loin, et tachaient de gagner les equipages
de l'escadre, dont une partie resistait, tandis que l'autre, toute
composee de marins provencaux, paraissait decidee a se reunir a eux.
Le rapport de ces evenemens fut fait a la convention le 8 prairial; il
ne pouvait manquer de provoquer un nouveau dechainement contre les
montagnards et les patriotes. On dit que les evenemens de Toulon et de
Paris etaient concertes; on accusa les deputes montagnards d'en etre les
organisateurs secrets, et on se livra contre eux a de nouvelles
fureurs. Sur-le-champ on ordonna l'arrestation de Charbonnier, Escudier,
Ricord et Salicetti, accuses tous quatre d'agiter le Midi. Les deputes
mis en accusation le 1er prairial, et dont les juges n'etaient pas
encore choisis, furent en butte a un nouveau redoublement de severite.
Sans aucun egard pour leur qualite de representans du peuple, on les
defera a la commission militaire chargee de juger les fauteurs et
complices de l'insurrection du 1er prairial. Il n'y eut d'excepte que le
vieux Rhul, dont plusieurs membres attesterent la sagesse et les vertus.
On envoya au tribunal d'Eure-et-Loir l'ex-maire Pache, son gendre
Audouin, l'ancien ministre Bouchotte, ses adjoints Daubigny et
Hassenfratz; enfin les trois agens principaux de la police de
Robespierre, Heron, Marchand et Clemence. Il semblait que la deportation
prononcee contre Billaud, Collot et Barrere, eut acquis force de chose
jugee; point du tout. Dans ces jours de rigueur on trouva la peine trop
douce: on decida qu'il fallait les juger de nouveau et les envoyer
devant le tribunal de la Charente-Inferieure, pour leur faire subir la
mort, destinee a tous les chefs de la revolution. Jusqu'ici les membres
restans des anciens comites paraissaient pardonnes; les eclatans
services de Carnot, de Robert Lindet et de Prieur (de la Cote-d'Or),
avaient semble les proteger contre leurs ennemis: ils furent denonces
avec une affreuse
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