nouvelles. Les deputes
accuses, traduits d'abord au chateau du Taureau pour prevenir toute
tentative en leur faveur, furent amenes a Paris, et leur proces instruit
avec la plus grande activite. Le vieux Rhul, qu'on avait seul excepte du
decret d'accusation, ne voulait pas de ce pardon; il croyait la liberte
perdue, et il se donna la mort d'un coup de poignard. Emus par tant de
scenes funebres, Louvet, Legendre, Freron, demanderent le renvoi a leurs
juges naturels des deputes traduits devant la commission; mais Revere,
ancien terroriste, devenu royaliste fougueux, Bourdon (de l'Oise),
implacable comme un homme qui avait eu peur, insisterent pour le decret,
et le firent maintenir.
Les deputes furent traduits devant la commission le 29 prairial (17
juin). Malgre les recherches les plus soigneuses, on n'avait decouvert
aucun fait qui prouvat leur connivence secrete avec les revoltes. Il
etait difficile en effet qu'on en decouvrit, car ils ignoraient le
mouvement; ils ne se connaissaient meme pas les uns les autres;
Bourbotte seul connaissait Goujon, pour l'avoir rencontre dans une
mission aux armees. Il etait prouve seulement que, l'insurrection
accomplie, ils avaient voulu faire legaliser quelques-uns des voeux du
peuple. Ils furent neanmoins condamnes, car une commission militaire, a
laquelle un gouvernement envoie des accuses importans, ne sait jamais
les lui renvoyer absous. Il n'y eut d'acquitte que Forestier. On l'avait
joint aux condamnes, quoiqu'il n'eut pas fait une seule motion pendant
la fameuse seance. Peyssard, qui avait seulement pousse un cri pendant
le combat, fut condamne a la deportation. Romme, Goujon, Duquesnoy,
Duroi, Bourbotte, Soubrany, furent condamnes a mort. Romme etait un
homme simple et austere; Goujon etait jeune, beau, et doue de qualites
heureuses; Bourbotte, aussi jeune que Goujon, joignait a un rare courage
l'education la plus soignee; Soubrany etait un ancien noble, sincerement
devoue a la cause de la revolution. A l'instant ou on leur prononca leur
arret, ils remirent au greffier des lettres, des cachets et des
portraits destines a leurs familles. On les fit retirer ensuite pour les
deposer dans une salle particuliere avant de les conduire a l'echafaud.
Ils s'etaient promis de n'y pas arriver. Il ne leur restait qu'un
couteau et une paire de ciseaux, qu'ils avaient caches dans la doublure
de leurs vetemens. En descendant l'escalier, Romme se frappe le premier,
et craignant de se manquer,
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