violence par le girondin Henri Lariviere. Robert
Lindet, quoique defendu par une foule de membres qui connaissaient et
son merite et ses services, fut neanmoins frappe d'arrestation. Carnot a
_organise la victoire_, s'ecrierent une foule de voix; les reacteurs
furieux n'oserent pas decreter le vainqueur de la coalition. On ne dit
rien sur Prieur (de la Cote-d'Or). Quant aux membres de l'ancien comite
de surete generale, qui n'etaient pas encore arretes, ils le furent
tous. David, que son genie avait fait absoudre, fut arrete avec Jagot,
Elie Lacoste, Lavicomterie, Dubarran et Bernard (de Saintes). On ne fit
d'exception que pour Louis (du Bas-Rhin), dont l'humanite etait trop
connue. Enfin le rapport deja ordonne contre tous ceux qui avaient
rempli des missions, et qu'on appelait les proconsuls, fut demande
sur-le-champ. On commenca a proceder contre d'Artigoyte, Mallarme,
Javognes, Sergent, Monestier, Lejeune, Allard, Lacoste et Baudot. On se
preparait a passer successivement en revue tous ceux qui avaient ete
charges de missions quelconques. Ainsi aucun des chefs de ce
gouvernement qui avait sauve la France n'etait pardonne: membres des
comites, deputes en mission, subissaient la loi commune. On epargnait le
seul Carnot, que l'estime des armees commandait de menager; mais on
frappait Lindet, citoyen tout aussi utile et plus genereux, mais que
des victoires ne protegeaient pas contre la lachete des reacteurs.
Certes, il n'etait pas besoin de tels sacrifices pour satisfaire les
manes du jeune Feraud; il suffisait des honneurs touchans rendus a sa
memoire. La convention decreta pour lui une seance funebre. La salle fut
decoree en noir; tous les representans s'y rendirent en grand costume et
en deuil. Une musique douce et lugubre ouvrit la seance; Louvet prononca
ensuite l'eloge du jeune representant, si devoue, si courageux, si tot
enleve a son pays. Un monument fut vote pour immortaliser son heroisme.
On profita de cette occasion pour ordonner une fete commemorative en
l'honneur des girondins. Rien n'etait plus juste. Des victimes aussi
illustres, quoiqu'elles eussent compromis leur pays, meritaient des
hommages; mais il suffisait de jeter des fleurs sur leurs tombes, il n'y
fallait pas du sang. Cependant on en repandit des flots; car aucun
parti, meme celui qui prend l'humanite pour devise, n'est sage dans sa
vengeance. Il semblait en effet que, non contente de ses pertes, la
convention voulut elle-meme y en ajouter de
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