les furent reorganisees sur l'ancien pied;
les ouvriers, les domestiques, les citoyens peu aises, le peuple enfin,
en furent exclus; et le soin de la tranquillite publique se trouva ainsi
confie de nouveau a la classe qui avait le plus d'interet a la
maintenir. A Paris, la garde nationale, organisee par bataillons, par
brigades, et commandee alternativement par chaque chef de brigade, fut
mise sous les ordres du comite militaire. Enfin la concession la plus
desiree par les catholiques, la restitution des eglises, leur fut
accordee; on les leur rendit, a la charge par eux de les entretenir a
leurs frais. Du reste, cette mesure, quoiqu'elle fut un resultat de la
reaction, etait appuyee par les esprits les plus sages. On la regardait
comme propre a calmer les catholiques, qui ne croiraient pas avoir
recouvre la liberte du culte tant qu'ils n'auraient pas leurs anciens
edifices pour en celebrer les ceremonies.
Les discussions de finance, interrompues par les evenemens de prairial,
etaient toujours les plus urgentes et les plus penibles. L'assemblee y
etait revenue aussitot que le calme avait ete retabli; elle avait de
nouveau decrete qu'il n'y aurait qu'un seul pain, afin d'oter au peuple
l'occasion d'accuser le luxe des riches; elle avait ordonne des
recensemens de grains, pour assurer le superflu de chaque departement a
l'approvisionnement des armees et des grandes communes; enfin elle avait
rapporte le decret qui permettait le libre commerce de l'or et de
l'argent. Ainsi l'urgence des circonstances l'avait ramenee a
quelques-unes de ces mesures revolutionnaires contre lesquelles on etait
si fort dechaine. L'agiotage avait ete porte au dernier degre de fureur.
Il n'y avait plus de boulangers, de bouchers, d'epiciers en titre; tout
le monde achetait et revendait du pain, de la viande, des epices, des
huiles, etc. Les greniers et les caves etaient remplis de marchandises
et de comestibles, sur lesquels tout le monde speculait. On vendait, au
Palais-Royal, du pain blanc a 25 ou 30 francs la livre. Les regrattiers
se precipitaient sur les marches, et achetaient les fruits et les
legumes qu'apportaient les gens de la campagne, pour les faire rencherir
sur-le-champ. On allait acheter d'avance les recoltes en vert et pendant
par racine, ou les troupeaux de bestiaux, pour speculer ensuite sur
l'augmentation des prix. La convention defendit aux marchands
regrattiers de se presenter dans les marches avant une certaine heure.
Elle
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