s revolutionnaires, n'etaient pas gens a se
disperser tout d'un coup. Ils se reunirent le lendemain a la commune,
s'y proclamerent en insurrection permanente, et tacherent de rassembler
autour d'eux les sections qui leur etaient devouees. Cependant, pensant
que la commune n'etait pas un bon poste, quoiqu'elle fut placee entre le
quartier du Temple et la Cite, ils prefererent etablir le centre de
l'insurrection dans le faubourg Saint-Antoine. Ils s'y transporterent
dans le milieu du jour, et se preparerent a renouveler la tentative de
la veille. Cette fois, ils tacherent d'agir avec plus d'ordre et de
mesure. Ils firent partir trois bataillons parfaitement armes et
organises: c'etaient ceux des sections des Quinze-Vingts, de Montreuil
et de Popincourt, tous trois composes d'ouvriers robustes, et diriges
par des chefs intrepides. Ces bataillons s'avancerent seuls, sans le
concours de peuple qui les accompagnait la veille, rencontrerent des
sections fideles a la convention, mais qui n'etaient pas en force pour
les arreter, et vinrent, dans l'apres-midi, se ranger avec leurs canons
devant le Palais-National. Aussitot les sections Lepelletier, la
Butte-des-Moulins et autres se placerent en face pour proteger la
convention. Cependant si le combat venait a s'engager, il etait douteux,
d'apres l'etat des choses, que la victoire restat aux defenseurs de la
representation nationale. Par surcroit de malheur, les canonniers, qui
dans toutes les sections etaient des ouvriers et de chauds
revolutionnaires, abandonnerent les sections rangees devant le palais,
et allerent se joindre avec leurs pieces aux canonniers de Popincourt,
de Montreuil et des Quinze-Vingts. Le cri _aux armes!_ se fit entendre,
on chargea les fusils de part et d'autre, et tout sembla se preparer
pour un combat sanglant. Le roulement sourd des canons retentit jusque
dans l'assemblee. Beaucoup de membres se leverent pour parler.
"Representans, s'ecrie Legendre, soyez calmes et demeurez a votre poste.
La nature nous a tous condamnes a mort: un peu plus tot, un peu plus
tard, peu importe. De bons citoyens sont prets a vous defendre. En
attendant, la plus belle motion est de garder le silence." L'assemblee
se replaca tout entiere sur ses sieges, et montra ce calme imposant
qu'elle avait deploye au 9 thermidor, et tant d'autres fois dans le
cours de son orageuse session. Pendant ce temps, les deux troupes
opposees etaient en presence, dans l'attitude la plus menacante. A
|