ces hommes qui se croient les
egaux de ceux qui ont abattu le trone, et cherchent a rivaliser avec
eux; de ces hommes qui veulent faire des revolutions, et ne savent faire
que des revoltes. Profitons de leur maladresse, hatons-nous de les
frapper et de mettre ainsi un terme a la revolution." On applaudit, on
adopte la proposition de Tallien. Dans cet entrainement de la vengeance,
des voix denoncent Robert Lindet, que ses vertus et ses services ont
jusqu'ici protege contre les fureurs de la reaction. Lehardi demande
l'arrestation de _ce monstre_; mais tant de voix contraires se font
entendre pour vanter la douceur de Lindet, pour rappeler qu'il a sauve
des communes et des departemens entiers, que l'ordre du jour est adopte.
Apres ces mesures, on ordonne de nouveau le desarmement des terroristes;
on decrete que le quintidi prochain (dimanche 24 mai), les sections
s'assembleront et procederont sur-le-champ _au desarmement des
assassins, des buveurs de sang, des voleurs et des agens de la tyrannie
qui preceda le 9 thermidor_; on les autorise meme a faire arreter ceux
qu'elles croiront devoir traduire devant les tribunaux. On decide en
meme temps que, jusqu'a nouvel ordre, les femmes ne seront plus admises
dans les tribunes. Il etait trois heures du matin. Les comites faisant
annoncer que tout est tranquille dans Paris, on suspend la seance
jusqu'a dix heures.
Telle avait ete cette revolte du 1er prairial. Aucune journee de la
revolution n'avait presente un spectacle si terrible. Si, au 31 mai et
au 9 thermidor, des canons furent braques sur la convention, cependant
le lieu de ses seances n'avait pas encore ete envahi, ensanglante par un
combat, traverse par les balles, et souille par l'assassinat d'un
representant du peuple. Les revolutionnaires, cette fois, avaient agi
avec la maladresse et la violence d'un parti battu depuis longtemps,
sans complices dans le gouvernement dont il est exclu, prive de ses
chefs, et dirige par des hommes obscurs, compromis et desesperes. Sans
savoir se servir de la Montagne, sans l'avertir meme du mouvement, ils
avaient compromis et expose a l'echafaud des deputes integres, etrangers
aux exces de la terreur, attaches aux patriotes par effroi de la
reaction, et n'ayant pris la parole que pour empecher de plus grands
malheurs, et pour hater l'accomplissement de quelques voeux qu'ils
partageaient.
Cependant les revoltes, voyant le sort qui les attendait tous, et
habitues d'ailleurs aux lutte
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