nnemies etaient toujours
confondues avec les autres. On leur dit que leurs petitionnaires
venaient d'etre recus, que leurs propositions seraient examinees, qu'il
fallait attendre la decision de la convention. Il etait onze heures;
les trois bataillons se voyaient entoures de l'immense majorite des
habitans de la capitale; l'heure d'ailleurs etait fort avancee, surtout
pour des ouvriers, et ils prirent le parti de se retirer dans leurs
faubourgs.
Cette seconde tentative n'avait donc pas mieux reussi aux patriotes; ils
n'en resterent pas moins rassembles dans les faubourgs, conservant leur
attitude hostile, et ne se desistant point encore des demandes qu'ils
avaient faites. La convention, des le 3 au matin, rendit plusieurs
decrets que reclamait la circonstance. Pour mettre plus d'unite et
d'energie dans l'emploi de ces moyens, elle donna la direction de la
force armee a trois representans, Gilet, Aubry et Delmas, et les
autorisa a employer la voie des armes pour assurer la tranquillite
publique; elle punit de six mois de prison quiconque battrait le tambour
sans ordre, et de mort quiconque battrait la generale sans y etre
autorise par les representans du peuple. Elle ordonna la formation d'une
commission militaire, pour juger et faire executer sur-le-champ tous les
prisonniers faits aux rebelles pendant la journee du 1er prairial. Elle
convertit en decret d'accusation le decret d'arrestation rendu contre
Duquesnoy, Duroi, Bourbotte, Prieur (de la Marne), Romme, Soubrany,
Goujon, Albitte aine, Peyssard, Lecarpentier (de la Manche), Pinet aine,
Borie et Fayau. Elle rendit la meme decision a l'egard des deputes
arretes les 12 et 16 germinal, et enjoignit a ses comites de lui
presenter un rapport sur le tribunal qui devrait juger les uns et les
autres.
Les trois representans se haterent de reunir a Paris les troupes qui
etaient repandues dans les environs pour proteger l'arrivage des grains;
ils firent rester sous les armes les sections devouees a la convention,
et s'entourerent des nombreux jeunes gens qui n'avaient pas quitte les
comites pendant toute l'insurrection. La commission militaire entra en
exercice le jour meme; le premier individu qu'elle jugea fut l'assassin
de Feraud, qui avait ete arrete la veille; elle le condamna a mort, et
ordonna son execution pour l'apres-midi meme du 3. On conduisit en effet
le condamne a l'echafaud: mais les patriotes etaient avertis;
quelques-uns des plus determines s'etaient reun
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