teger. Aussitot des
citoyens armes des sections accourent dans la salle par la porte de
droite, pour chasser la populace. Ils la refoulent d'abord, et
s'emparent de quelques femmes; mais ils sont bientot ramenes a leur tour
par la populace victorieuse. Heureusement la section de Grenelle,
accourue la premiere au secours de la convention, arrive dans ce moment,
et vient fournir un utile renfort. Le depute Auguis est a sa tete, le
sabre a la main. En avant! s'ecrie-t-il.... On se serre, on avance, on
croise les baionnettes, et on repousse sans blessures la multitude des
assaillans qui cede a la vue du fer. On saisit par le collet l'un des
revoltes, on le traine au pied du bureau, on le fouille, et on lui
trouve les poches pleines de pain. Il etait deux heures. Un peu de calme
se retablit dans l'assemblee; on declare que la section de Grenelle a
bien merite de la patrie. Tous les ambassadeurs des puissances s'etaient
rendus a la tribune qui leur etait reservee, et assistaient a cette
scene, comme pour partager en quelque sorte les dangers de la
convention. On decrete qu'il sera fait mention au bulletin de leur
courageux devouement.
Cependant la foule augmentait autour de la salle. A peine deux ou trois
sections avaient-elles eu le temps d'accourir, et de se jeter dans le
Palais-National; mais elles ne pouvaient resister a la masse toujours
croissante des assaillans. D'autres venaient d'arriver; mais elles ne
pouvaient penetrer dans l'interieur; elles etaient sans communication
avec les comites; elles n'avaient pas d'ordre, et ne savaient quel usage
faire de leurs armes. En cet instant la foule fait un nouvel effort sur
le salon de la Liberte, et penetre jusqu'a la porte brisee. Les cris
_aux armes!_ se renouvellent; la force armee qui se trouvait dans
l'interieur de la salle accourt vers la porte menacee; le president se
couvre, l'assemblee demeure calme. Alors des deux cotes on se joint; le
combat s'engage devant la porte meme; les defenseurs de la convention
croisent la baionnette; de leur cote les assaillans font feu, et les
balles viennent frapper les murs de la salle. Les deputes se levent en
criant: _Vive la republique!_ De nouveaux detachemens accourent,
traversent de droite a gauche, et viennent soutenir l'attaque. Les coups
de feu redoublent: on charge, on se mele, on sabre. Mais une foule
immense, placee derriere les assaillans, les pousse, les porte malgre
eux sur les baionnettes, renverse tous les obstacles qu
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