ntans Legendre, Kervelegan et Auguis, et
le commandant de la garde nationale, Raffet. Prieur (de la Marne)
demande a Raffet s'il a recu du president l'ordre d'entrer. "Je ne te
dois aucun compte," lui repond Raffet, et il avance. On somme alors la
multitude de se retirer; le president l'y invite au nom de la loi: elle
repond par des huees. Aussitot on baisse les baionnettes, et on entre;
la foule desarmee cede, mais des hommes armes qui s'y trouvaient meles
resistent un moment; ils sont repousses, et fuient en criant: "A nous
sans-culottes!" Une partie des patriotes revient a ce cri, et charge
avec violence le detachement qui avait penetre. Ils ont un instant
l'avantage; le depute Kervelegan est blesse a la main; les montagnards
Bourbotte, Peyssard, Gaston, crient victoire. Mais le pas de charge
retentit dans la salle exterieure; un renfort considerable arrive, fond
de nouveau sur les insurges, les repousse, les sabre, les poursuit a
coups de baionnettes. Ils fuient, se pressent aux portes, ou escaladent
les tribunes et se sauvent par les fenetres. La salle est enfin evacuee:
il etait minuit.
La convention, delivree des assaillans qui ont porte la violence et la
mort dans son sein, met quelques instans a se remettre. Le calme se
retablit enfin. "Il est donc vrai, s'ecrie un membre, que cette
assemblee, berceau de la republique, a manque encore une fois d'en
devenir le tombeau! Heureusement le crime des conspirateurs est encore
avorte. Mais, representans, vous ne seriez pas dignes de la nation, si
vous ne la vengiez d'une maniere eclatante." On applaudit de toutes
parts, et, comme au 12 germinal, la nuit est employee a punir les
attentats du jour; mais des faits autrement graves appellent des mesures
bien autrement severes. Le premier soin est de rapporter les decrets
proposes et rendus par les revoltes. "Rapporter n'est pas le mot, dit-on
a Legendre qui avait fait cette proposition. La convention n'a pas vote,
n'a pas pu voter, tandis qu'on egorgeait l'un de ses membres. Tout ce
qui a ete fait n'est pas a elle, mais aux brigands qui l'opprimaient, et
a quelques representans coupables qui s'etaient rendus leurs complices."
On declare donc tout ce qui s'est fait comme non avenu. Les secretaires
brulent les minutes des decrets portes par les seditieux. On cherche
ensuite des yeux les deputes qui ont pris la parole pendant cette seance
terrible; on les montre au doigt, on les interpelle avec vehemence. "Il
n'y a plus, s'ec
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