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president Vernier se couvre, et leur commande le silence; mais elles
continuent a crier: _Du pain! du pain!_ Les unes montrent le poing a
l'assemblee, les autres rient de sa detresse. Une foule de membres se
levent pour prendre la parole: ils ne peuvent se faire entendre. Ils
demandent que le president fasse respecter la convention; le president
ne peut y reussir. Andre Dumont, qui avait preside avec fermete le 12
germinal, succede a Vernier, et occupe le fauteuil. Le tumulte continue;
les cris _du pain! du pain!_ sont repetes par les femmes qui ont fait
irruption dans les tribunes. Andre Dumont declare qu'il va les faire
sortir: on le couvre de huees d'un cote, d'applaudissemens de l'autre.
Dans ce moment, on entend des coups violens donnes dans la porte qui est
a la gauche du bureau, et le bruit d'une multitude qui fait effort pour
l'enfoncer. Les ais de la porte crient, et des platras tombent. Le
president, dans cette situation perilleuse, s'adresse a un general qui
s'etait presente a la barre avec une troupe de jeunes gens, pour faire,
au nom de la section de Bon-Conseil, une petition fort sage: "General,
lui dit-il, je vous somme de veiller sur la representation nationale, et
je vous nomme commandant provisoire de la force armee." L'assemblee
confirme cette nomination par ses applaudissemens. Le general declare
qu'il mourra a son poste, et sort pour se rendre au lieu du combat. Dans
ce moment, le bruit qui se faisait a l'une des portes cesse; un peu de
calme se retablit. Andre Dumont, s'adressant aux tribunes, enjoint a
tous les bons citoyens qui les occupent d'en sortir, et declare qu'on va
employer la force pour les faire evacuer. Beaucoup de citoyens sortent;
mais les femmes restent, en poussant les memes cris. Quelques instans
apres, le general, charge par le president de veiller sur la convention,
rentre avec une escorte de fusiliers et plusieurs jeunes gens qui
s'etaient munis de fouets de poste. Ils escaladent les tribunes, et en
font sortir les femmes en les chassant a coups de fouet. Elles fuient en
poussant des cris epouvantables, et aux grands applaudissemens d'une
partie des assistans.
A peine les tribunes sont-elles evacuees, que le bruit a la porte de
gauche redouble. La foule est revenue a la charge; elle attaque de
nouveau la porte, qui cede a la violence, eclate et se brise. Les
membres de la convention se retirent sur les bancs superieurs; la
gendarmerie forme une haie autour d'eux pour les pro
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